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Pourquoi le procès de l’incendie mortel à Gabian secoue tant les SDIS ?.

Quatre officiers de l’Hérault condamnés, dont l’ex-directeur du Sdis, après le feu mortel de Gabian. Un jugement historique qui oblige les services d’incendie à revoir normes, suivi du matériel et chaîne de responsabilité.
Pourquoi le procès de Gabian secoue les SDIS ?
©Illustration - Dusan Petkovic/Adobe Stock.
L'essentiel

Le procès du feu de Gabian a conduit à la condamnation de quatre officiers du Sdis 34, dont l'ex-directeur.

Ce verdict inédit met en lumière les responsabilités pénales liées à la vétusté du matériel et aux failles de commandement.

Il impose une remise à plat des normes, de la traçabilité et de la doctrine opérationnelle dans tous les Sdis.

Le 27 mars 2025, le tribunal correctionnel de Béziers a condamné quatre responsables de l’ex-Sdis 34 pour homicides et blessures involontaires : 24 mois de prison dont six ferme pour l’ex-directeur Christophe Risdorfer, 12 mois avec sursis pour le responsable logistique, huit mois avec sursis pour le chef de groupe et pour l’officier aérien. Deux des prévenus ont interjeté appel, laissant planer l’incertitude à l’aube de la prochaine saison feux de forêt.

Le drame remonte au 10 août 2016 : le GIFF de Vailhauquès est surpris par un changement brutal de direction du feu. Deux CCF vétustes (mis en service en 1995 et 1999) ne disposent ni d’un système d’autoprotection opérationnel ni d’une cabine étanche. Quatre pompiers doivent évacuer sous les flammes ; Jérémy Beier succombe, trois collègues restent lourdement handicapés.

La fin du « droit souple » ?

Pour Sébastien Bouvier (CFDT) et la CGT des agents des Sdis, le jugement pourrait marquer « une révolution doctrinale » a-t-il confié à La Gazette des communes. Finie l’application a minima des directives DGSCGC : chaque Sdis devra désormais prouver la conformité permanente de ses engins et EPI aux dernières préconisations, sous peine d’engager la responsabilité pénale de ses cadres.

De son côté, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSPF) y voit trois chantiers prioritaires : traçabilité numérique des réparations, planification pluriannuelle du renouvellement de flotte et clarification écrite de la chaîne de décision opérationnelle – autant de points déjà soulignés par l’inspection générale et restés lettre morte dans l’Hérault.

Directeurs en première ligne

« Ce procès nous oblige à penser autrement », avertit le contrôleur général Stéphane Morin (ANDSIS) toujours à nos confrères. Entre instructions toujours plus strictes et budgets contraints, les directeurs devront arbitrer : mettre chaque engin à niveau, réduire temporairement le parc ou limiter certaines offensives tactiques. L’ANDSIS envisage un service national de veille normative pour accompagner les 101 SDIS.

Au-delà des recours en appel, le jugement de Béziers fait déjà jurisprudence : plusieurs départements ont commandé des audits express de leurs CCF > 15 ans et ajouté une ligne « mise à niveau autoprotection » dans leurs DM 2025 -décision modificative de leur budget 2025-. Reste à voir si le texte sera confirmé en seconde instance avant le pic estival ; en attendant, nombre de chefs de centre redoutent de devoir immobiliser des engins faute de crédits.

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