
Définition
Un traumatisme du bassin est l’ensemble des signes dus à une atteinte traumatique du bassin, avec ou sans plaie. Le traumatisme du bassin est responsable de fractures ainsi que de lésions des organes internes, notamment hémorragiques, pouvant mettre rapidement en jeu la vie de la victime.
Les traumatismes du bassin sont graves et touchent surtout l’adulte jeune.
Causes
Les traumatismes du bassin surviennent dans un contexte de traumatisme à haute cinétique (accident de la voie publique, chutes de grande hauteur) avec dans deux cas sur trois des lésions associées (thorax, crâne, membres).
Le choc peut être :
- direct avec ou sans plaie au niveau de la partie basse de l’abdomen, des hanches ou des fesses ;
- à distance du bassin et transmis par l’intermédiaire des os des membres inférieurs (chute ou choc sur la hanche, chute de grande hauteur sur les talons).
Plus rarement, les traumatismes du bassin peuvent survenir à la suite de traumatismes à faible énergie chez la personne âgée.
Risques & Conséquences
La gravité du traumatisme du bassin est due :
- à la perte de sang due aux fractures elles-mêmes ; une fracture multiple du bassin est fréquemment responsable d’une hémorragie interne importante ;
- à une perforation ou une rupture de vessie ou des canaux d’évacuation de l’urine.
La mortalité des traumatismes du bassin est de l’ordre de 8 à 15 %.
Signes
Au cours du bilan circonstanciel et au cours de l’analyse du mécanisme de l’accident lors du bilan complémentaire, on retrouve un traumatisme parfois violent direct au niveau du bassin (écrasement, coup, choc) ou moins violent chez une personne âgée.
Si la victime n’a pas perdu connaissance et peut s’exprimer, elle peut se plaindre d’une douleur spontanée siégeant au niveau du bassin ou dans la partie basse de l’abdomen. Cette douleur spontanée est un signe évocateur d’un traumatisme du bassin.
À l’examen, on peut trouver :
- une douleur à la palpation douce et prudente du bassin ;
- une impossibilité de bouger les membres inférieurs en raison de la douleur ;
- la présence d’urine sanglante ou de sang sur les sous-vêtements (liée à l’atteinte de la vessie ou de l’urètre) ;
- un hématome important au niveau du pubis ;
- une lésion des organes urogénitaux externes particulièrement chez l’homme (plaie, œdème, hématome) ;
- des lésions associées, comme des lésions du crâne et du thorax qui peuvent masquer le traumatisme du bassin.
Toute victime traumatisée qui a perdu connaissance et qui présente des signes de détresse circulatoire doit être considérée systématiquement comme suspecte d’un traumatisme du bassin.
Principe de l’action de secours
L’action de secours doit permettre :
- de prévenir toute détresse circulatoire par une surveillance attentive ;
- de limiter toute mobilisation de la victime, sauf en cas de nécessité absolue ;
- d’immobiliser la victime et assurer une contention du bassin si nécessaire ;
- de demander un avis médical.
- laisser la victime en une position allongée stricte, si possible ;
- dénuder le bassin de la victime. Cela doit se faire :
- dans la mesure du possible en préservant son intimité pour vérifier la présence de lésions (plaies, hématomes, œdèmes) ou de sang sur les sous-vêtements,
- pour vérifier la présence de lésions dans le bas du dos ou au niveau des fesses de la victime au cours de sa mobilisation (PLS, relevage, immobilisation).
- mettre en place une contention externe du bassin si la victime présente un traumatisme du bassin associé à des signes de détresse circulatoire, après avis médical ;
En cas d’impossibilité d’avis médical, mettre en place la contention. - protéger au plus vite contre le froid, le vent ou la chaleur ;
- transmettre le bilan pour obtenir un avis médical ;
- relever et immobiliser sur un matelas à dépression, selon les consignes reçues ;
- surveiller attentivement la victime du fait d’un risque d’aggravation brutale.
Si la victime présente une détresse vitale, appliquer la conduite à tenir adaptée à son état.
Définition
On appelle traumatisme du crâne (ou crânien) tout choc reçu sur le crâne.
Causes
Les traumatismes crâniens sont la conséquence de multiples mécanismes vulnérants de la boîte crânienne : choc direct, décélération brutale, blessure par un objet pénétrant…
Risques & Conséquences
Un choc direct au niveau de la tête peut entraîner, selon son intensité et son mécanisme, des lésions cutanées, osseuses (fractures) ou cérébrales.
Une décélération brusque avec un arrêt net de la tête, sans aucun choc sur un obstacle, peut également entraîner des lésions cérébrales, uniquement par l’ébranlement du cerveau contre la boîte crânienne.
Ces lésions peuvent être plus ou moins rapidement évolutives et mettre en jeu le pronostic vital. Il faut donc surveiller régulièrement l’état de conscience de la victime. Dans certains cas, une prise en charge chirurgicale précoce est nécessaire pour augmenter les chances de récupération.
Signes
Le bilan circonstanciel et complémentaire retrouvent un traumatisme parfois violent au niveau du crâne (coup, choc) ou indirect (décélération brutale).
À l’issue du bilan d’urgence vitale, la victime peut présenter :
- une perte de connaissance qui persiste depuis l’accident ou des troubles de la conscience (somnolence, confusion, agitation anormale) ;
- des convulsions ;
- une asymétrie pupillaire nette et fixe.
Lors du bilan secondaire, la victime se plaint :
- de céphalées ou d’une douleur spontanée au niveau des os du crâne ;
- de nausées ou de vomissements.
À l’examen, on constate que la victime peut présenter :
- une perte de la mémoire des faits souvent synonyme d’une perte de connaissance passagère immédiatement après l’accident, parfois relatée par les témoins ;
- un déficit moteur neurologique ;
- une plaie du cuir chevelu, un hématome ou une déformation ;
- un hématome « en lunettes » (autour des yeux) pouvant témoigner d’une fracture des os de la base du crâne ;
- une otorragie ou une épistaxis ;
En cas d’otorragie, la compression manuelle est inutile. Vérifier que l’écoulement sanguin vient bien de l’intérieur de l’oreille en la nettoyant avec une compresse ; - des lésions associées en particulier de la colonne cervicale.
Au cours de la surveillance, on peut constater :
- la survenue d’une perte de connaissance secondaire ;
- des troubles de la conscience apparaissant plusieurs minutes à plusieurs heures après l’accident alors que la victime était parfaitement consciente (intervalle libre).
Chez l’enfant ou le nourrisson, les signes de traumatisme crânien peuvent être différents de ceux de l’adulte :
- la perte de connaissance est moins fréquente ;
- l’enfant ou le nourrisson peut présenter des troubles du comportement (il ne joue plus, il est prostré) souvent constatés par l’entourage ;
- une pâleur.
Toute chute d’un enfant ou d’un nourrisson, d’une hauteur supérieure à sa taille (table à langer, chaise haute) doit faire suspecter un traumatisme crânien et faire l’objet d’un avis médical immédiat.
Principe de l’action de secours
L’action de secours doit permettre :
- de limiter les risques d’aggravation du traumatisme, par une immobilisation de la victime qui est suspecte d’une lésion du rachis ;
- de demander un avis médical devant tout traumatisé crânien.
La victime a perdu connaissance
Appliquer la conduite à tenir devant une victime suspecte d’un traumatisme et qui a perdu connaissance, si elle respire.
La victime, consciente, présente une détresse vitale
Appliquer la conduite à tenir adaptée à une victime qui présente une détresse vitale.
La victime ne présente pas de détresse vitale apparente
- maintenir la tête en position neutre ;
- retirer le casque de protection si la victime en est équipée ;
- administrer de l’oxygène en inhalation, si nécessaire ;
- si besoin, stabiliser ou restreindre les mouvements du rachis cervical ;
- protéger la victime contre le froid, la chaleur ou les intempéries ;
- transmettre un bilan et appliquer les consignes reçues ;
- surveiller attentivement la victime, en raison du risque d’aggravation brutale.
Si l’immobilisation du rachis est nécessaire :
- relever la victime en utilisant la méthode de relevage adaptée ;
- immobiliser le rachis de la victime avec le matériel le plus adapté.
Définition
Il s’agit de lésions à type d’entorse, de fracture, de luxation ou de tassement qui peuvent siéger à n’importe quel niveau de la colonne vertébrale.
Causes & Mécanisme
Une atteinte de la colonne vertébrale survient lors d’un choc direct sur la colonne vertébrale ou d’un traumatisme indirect survenant à distance de celle-ci comme :
- un choc direct au niveau du cou ou du dos ;
- un choc indirect :
- une chute sur la tête (plongeon en eau profonde),
- une chute de grande hauteur avec réception sur les talons ou sur les fesses,
- un mouvement brusque de flexion extension du rachis cervical (collision avec un véhicule à grande vitesse, retournement d’un véhicule, victime éjectée, accident de 2 roues, chute de cheval…),
- une chute de sa hauteur chez la personne âgée ou la personne qui présente des antécédents de traumatisme du rachis ou de maladie vertébrale.
Risques & Conséquences
La gravité d’un traumatisme de la colonne vertébrale est due à la possible atteinte de la moelle épinière.
La moelle épinière peut être :
- comprimée par la (les) vertèbre(s) fracturée(s) ou luxée(s), par un œdème ou un hématome ;
- sectionnée en entraînant des lésions irréversibles.
Environ 15 % des personnes qui présentent un traumatisme vertébral, qu’il s’agisse d’une fracture ou d’une luxation ont une lésion médullaire. La majorité des victimes qui présentent un traumatisme médullaire ont aussi un traumatisme vertébral.
Signes
Au cours du bilan circonstanciel et au cours de l’analyse du mécanisme de l’accident lors du bilan complémentaire, on retrouve un traumatisme parfois violent direct au niveau du dos ou du cou (coup, choc) ou indirect (flexion extension brusque).
Les mécanismes suivants doivent faire considérer la victime à hauts risques de lésion du rachis :
- chute sur la tête d’une hauteur > 1 mètre comme lors d’un plongeon (rachis cervical) ou sur les fesses d’une hauteur > 3 mètres (rachis dorso-lombo-sacré) ;
- passager d’un véhicule accidenté à grande vitesse (voies rapides, autoroutes, vitesse > 40 km/h avec arrêt brutal contre un obstacle ou sur une distance < 10 m, déformation de l’habitacle) ;
- absence de port de la ceinture de sécurité et déclenchement des airbags ;
- retournement d’un véhicule suite à tonneaux ;
- victime éjectée d’un véhicule lors d’une collision ;
- collision avec un 2 roues (conducteur ou passager du 2 roues) ;
- piéton renversé ;
- accident avec des véhicules à moteurs de loisirs (jet ski, quad, kart…) ;
- chute de cheval (jockey).
Dès lors que l’on suspecte un traumatisme du rachis, il faut demander à la victime de ne pas bouger, ou stabiliser manuellement la tête de la victime dans l’axe (particulièrement pour réaliser la libération des voies aériennes) et éviter de mobiliser le reste de la colonne vertébrale.
Au bilan d’urgence vitale, on suspectera une lésion du rachis de principe : ! si la victime a perdu connaissance et ne peut s’exprimer ;
- si la victime présente une altération de la conscience ;
- si la victime se plaint :
- d’un engourdissement, de sensations de décharges électriques au niveau des membres (paresthésie),
- d’une douleur spontanée siégeant au niveau du rachis,
- d’une raideur de la nuque l’empêchant de tourner la tête.
- si la victime présente un trouble de la motricité évident (ne bouge plus ses membres).
Au bilan complémentaire, on suspectera une lésion du rachis si la victime présente :
- une diminution de la force musculaire des mains ou des pieds (difficulté de serrer les mains ou bouger les orteils) ;
- une perte ou une diminution de la sensibilité des membres supérieurs (mains) ou inférieurs (pieds) ;
- une douleur à la palpation prudente du rachis ;
- une déformation évidente du rachis ;
- une perte des urines ou des matières fécales ;
- une érection chez l’homme (victime inconsciente, victime trouvée déshabillée).
À l’interrogatoire, la présence d’antécédents de traumatisme vertébral (fracture ou chirurgie de la colonne vertébrale) ou de maladie vertébrale (ostéoporose) qui fragilise la colonne vertébrale feront aussi considérer la victime comme suspecte d’une lésion du rachis.
Dans certaines situations, le secouriste ne pourra pas rechercher des signes d’atteinte vertébrale ou médullaire particulièrement si la victime :
- n’est pas coopérative ou présente des difficultés de communication ;
- est sous l’influence de l’alcool ou d’autres drogues ;
- présente de nombreuses lésions qui empêchent de rechercher des signes d’atteinte du rachis ;
- présente une lésion qui détourne son attention (lésion douloureuse intense).
Dans ces cas-là, devant un mécanisme d’accident évocateur d’accident à haut risque de lésion du rachis, le secouriste considérera la victime comme suspecte d’une lésion au rachis.
Principe de l’action de secours
L’action de secours doit permettre :
- de ne pas mobiliser la victime, en dehors :
- d’un dégagement d’urgence, si nécessaire,
- de sa mise en position latérale de sécurité, si elle a perdu connaissance,
- de son immobilisation.
- de stabiliser, de restreindre les mouvements puis d’immobiliser la tête, le cou et le tronc de la victime qui est suspecte d’une lésion du rachis afin de limiter les risques d’aggravation lors de son relevage et de son transport.
Points essentiels dans la prise en charge d’une victime suspecte d’un traumatisme du rachis :
- ne pas aggraver une lésion instable de la colonne vertébrale qui menace la moelle épinière ;
- éviter toute immobilisation excessive qui pourrait entraîner des effets secondaires et des complications graves.
Définitions
- la stabilisation du rachis se définit comme un procédé physique de maintien de la colonne vertébrale en position neutre avant la mise en place d’un dispositif de restriction ou d’immobilisation du rachis (maintien à deux mains de la tête de la victime dans la position en lui demandant de ne pas bouger) ;
- la restriction des mouvements du rachis cervical se définit comme la limitation ou la réduction des mouvements du rachis cervical en utilisant un dispositif cervical comme les colliers cervicaux, ou des blocs de tête ;
- l’immobilisation de la colonne vertébrale (corps entier) se définit comme le procédé qui permet de limiter tout mouvement de la colonne vertébrale en utilisant une combinaison de moyens (ex. : blocs de tête, collier cervical, plan dur, matelas immobilisateur à dépression).
Rechercher en priorité une détresse vitale
Devant une victime qui présente un traumatisme avec suspicion d’une lésion du rachis cervical, thoracique, lombaire ou sacrée, il faut rechercher en priorité une détresse vitale :
- hémorragie ;
- obstruction des voies aériennes ;
- détresse respiratoire ;
- détresse circulatoire ;
- détresse neurologique.
À toutes les étapes de l’examen de la victime, limiter les mouvements du rachis, soit en lui demandant de ne pas bouger, soit en assurant une stabilisation de son rachis.
La victime présente une détresse vitale
- toute détresse vitale doit être traité prioritairement selon la conduite à tenir adéquat
- si la victime traumatisée est :
- inconsciente et respire, elle doit être mise en PLS à 2 sauveteurs ou plus, en maintenant manuellement la tête de la victime dans l’axe lors de la rotation (ne pas retirer le collier cervical si celui-ci est déjà en place) ;
- consciente, continuer à limiter les mouvements du rachis :
- en demandant à la victime de ne pas bouger si la situation le permet (victime consciente, environnement favorable) ;
- en stabilisant la tête de la victime. Il est aussi possible, pour libérer le secouriste ou pour éviter qu’il ne gêne la réanimation, de restreindre les mouvements du rachis cervical en utilisant des blocs de tête ;
- demander un avis médical et respecter les consignes
L’immobilisation de la colonne vertébrale ne doit jamais passer avant la prise en charge d’une détresse vitale.
En l’absence d’une détresse vitale ou après traitement de celle-ci
- conseiller à la victime de ne faire aucun mouvement ;
- poursuivre la stabilisation manuelle de la tête si possible (secouriste disponible, victime non agitée) ;
- retirer le casque de protection, s’il est encore présent ;
- réaliser une immobilisation complète du rachis si :
- la victime ne peut pas être examinée complètement ou l’examen n’est pas fiable (A) : la victime présente une altération du niveau de conscience ou est confuse, est sous l’influence de l’alcool ou d’autres drogues, présente de nombreuses lésions qui empêchent de rechercher des signes d’atteinte du rachis, a des difficultés de communication (langue étrangère, enfant),
- la victime se plaint ou présente des signes d’une atteinte du rachis (B) ou de la moelle(C) comme une douleur de la colonne vertébrale, un déficit moteur ou sensitif des membres, une sensation anormale des membres (décharges électriques, fourmillements), un priapisme, une déformation de la colonne vertébrale, une sensibilité de la colonne vertébrale (douleur provoquée à la palpation), une douleur de la colonne vertébrale quand la victime tousse, essaye de se déplacer ou de s’asseoir¹,
- la victime présente un traumatisme à haut risque (D) de lésion du rachis et :
- soit a plus de 65 ans,
- soit présente des antécédents à risque (E) comme une chirurgie ou une fracture antérieure de la colonne vertébrale ou une maladie osseuse ou du rachis (ostéoporose).
¹Si la victime présente une douleur ou si des signes d’atteinte du rachis ou de la moelle apparaissent lorsque la victime se déplace, demander à la victime de s’arrêter et l’immobiliser.
La victime présente une plaie pénétrante isolée du thorax, du cou ou de la tête
- appliquer la conduite à tenir devant une plaie du thorax, du cou ou de la tête ;
- ne pas immobiliser la victime ;
- demander un avis médical ;
- respecter les consignes
Dans tous les cas
- protéger la victime contre le froid, la chaleur ou les intempéries ;
- transmettre un bilan et appliquer les consignes reçues ;
- surveiller attentivement la victime, en raison du risque d’aggravation brutale, en particulier après chaque mobilisation.
Cas particuliers
Victime agitée non coopérante Devant une victime agitée ou non coopérante (intoxication alcoolique associée, enfant…) et qui refuse toute immobilisation, ne pas l’immobiliser, la laisser s’installer dans la position qui lui est le plus confortable tout en essayant de maintenir à 2 mains la tête dans l’axe.
Demander un avis médical.
Victime qui présente une déformation préexistante de la colonne vertébrale (cyphose, scoliose…), victime très âgée (déformations liées à l’ostéoporose)
L’immobilisation en position horizontale corps entier d’une victime très âgée ou qui présente une déformation préexistante de la colonne vertébrale est difficile et peut être contre-productive (augmentation de la douleur, aggravation des signes ou de la lésion).
Il est alors nécessaire de respecter la position et la déformation de la victime et l’immobiliser dans la position qui lui est la plus confortable.
Seul le matelas immobilisateur à dépression permet de réaliser cette immobilisation et garder la victime immobile.
Traumatisme grave et suspicion de lésion du rachis de l’enfant
- si l’enfant a perdu connaissance, conserver la stabilisation en ligne du rachis cervical pour assurer la liberté des voies aériennes supérieures ;
- l’aspiration des sécrétions, débris, sangs et vomissures à l’aide d’un aspirateur de mucosité doit se faire en conservant la stabilisation en ligne du rachis cervical ;
- laisser l’enfant dans son siège d’automobile (coque) si c’est possible (pas de déformation de la coque). Parfaire l’immobilisation de la tête et du corps de l’enfant à l’intérieur du siège à l’aide de rembourrage ;
- pour relever un enfant suspect d’une lésion du rachis et qui est allongé au sol, utiliser comme chez l’adulte un brancard cuillère plutôt qu’un plan dur ;
- comme pour l’adulte, immobiliser l’enfant sur un matelas immobilisateur à dépression (ou attelle à dépression pour les petits enfants) qui doit rester en place pour le transfert sur le brancard à l’hôpital. Le plan dur doit être réservé aux manœuvres d’extraction et non à l’immobilisation ultérieure de l’enfant ;
- lors de l’immobilisation, une attention particulière doit être portée au maintien en ligne du rachis cervical. Comme chez l’adulte, les blocs de tête peuvent être positionnés dans le matelas à dépression ou sur le brancard cuillère pour restreindre les mouvements du rachis cervical.
Relevage et immobilisation d’une victime
L’immobilisation de la colonne vertébrale d’une victime se fait le plus souvent en position allongée. Toutefois l’immobilisation doit respecter une déformation ou une position d’attente adaptée à une détresse.
Choix du moyen
- stabilisation du rachis
La stabilisation du rachis est réalisée :- en demandant à la victime de ne pas bouger si elle est consciente et coopérante ;
- en maintenant la tête de la victime à deux mains pour garder le rachis cervical dans l’axe si la victime est calme.
- restriction des mouvements du rachis
La restriction des mouvements du rachis cervical est réalisée :- à l’aide de blocs de tête placés de part et d’autre de la tête et maintenus par des sangles ;
- à l’aide d’un matelas immobilisateur à dépression (MID) ;
- à l’aide d’un collier cervical rigide ;
L’usage systématique du collier cervical chez l’adulte comme chez l’enfant n’est plus conseillé.
Le collier cervical peut encore être utilisé pour restreindre les mouvements du rachis cervical lors de l’extraction ou du relevage d’une victime si la stabilisation de la tête par un sauveteur s’annonce difficile ou aléatoire.
Le collier cervical ne doit pas être utilisé s’il existe une contre-indication comme :- une possible obstruction des voies aériennes,
- une déformation préexistante du rachis cervical (dans ce cas, maintenir la tête dans la position où elle se trouve).
- Le collier cervical doit être :
- adapté à la taille de la victime,
- positionné correctement,
- desserré une fois l’immobilisation sur le MID réalisée,
- resserré pour une nouvelle mobilisation (transfert sur un brancard).
Après mise en place du collier, réévaluer la liberté des voies aériennes.
- immobilisation de la colonne vertébrale
L’immobilisation corps entier d’une victime qui présente un traumatisme du rachis est réalisée :- en priorité dans un matelas immobilisateur à dépression qui doit rester en place pour le transfert sur le brancard à l’hôpital. Les blocs de tête peuvent être utilisés pour restreindre les mouvements du rachis cervical à l’intérieur du matelas ;
Une fois immobilisée, si la victime porte un collier cervical rigide, il faut le desserrer.
Le MID permet aussi d’immobiliser les victimes dans la position adaptée à leur détresse (demiassise pour une détresse respiratoire). - exceptionnellement sur un plan dur équipé de blocs de tête :
- en cas d’indisponibilité d’un MID,
- si le nombre de secouristes n’est pas suffisant pour transférer la victime du plan dur sur le MID,
- en l’absence de contre-indications comme :
- une déformation préexistante de la colonne vertébrale,
- ou s’il faut immobiliser la victime dans une autre position (détresse respiratoire).
- en priorité dans un matelas immobilisateur à dépression qui doit rester en place pour le transfert sur le brancard à l’hôpital. Les blocs de tête peuvent être utilisés pour restreindre les mouvements du rachis cervical à l’intérieur du matelas ;
Choix de la technique de relevage
- relevage d’une victime allongée sur le sol
Pour relever une victime allongée au sol, il est préférable d’utiliser un brancard cuillère plutôt qu’un plan dur.
Une fois installés sur le brancard cuillère, les blocs de tête peuvent être utilisés pour restreindre les mouvements du rachis cervical. Ils permettent ainsi de libérer le secouriste chargé du maintien de la tête lors du transfert de la victime dans un moyen d’immobilisation.
En l’absence de brancard cuillère, relever la victime en utilisant une technique de relevage en pont à plusieurs secouristes.
Si aucune des deux techniques précédentes n’est possible, mettre en place un collier cervical et installer la victime sur un plan dur par roulement au sol avant de la transférer dans un moyen d’immobilisation. - victime située dans un endroit difficile d’accès (endroit exigu, véhicule accidenté…)
Si la victime nécessite une immobilisation corps entier, réaliser une technique d’extraction en utilisant les moyens dédiés comme le plan dur ou l’attelle cervico-thoracique.
Si la stabilisation de la tête par un sauveteur est difficile lors de la manœuvre d’extraction, il est nécessaire de restreindre les mouvements du rachis avec un collier cervical rigide puis l’attelle cervicothoracique.
En l’absence d’indication d’immobilisation corps entier, rechercher la coopération de la victime et lui demander de se dégager elle-même, puis, si elle le peut de s’allonger sur le brancard.
Interrompre tout mouvement si la victime présente une aggravation de la douleur ou des signes d’atteinte de la moelle
Définition
Un traumatisme du thorax est l’ensemble des signes dus à une atteinte traumatique du thorax, avec ou sans plaie. Ces signes permettent de suspecter des lésions pouvant mettre rapidement en jeu la vie de la victime.
Ce sont des fractures des côtes ou du sternum avec atteinte ou non des organes intra-thoraciques.
Causes
Une atteinte du thorax survient lors :
- d’un choc direct au niveau des côtes ;
- de la pénétration d’un corps étranger dans le thorax (projectiles d’arme à feu, arme blanche ou tout objet perforant) ;
- d’une décélération brusque qui peut entraîner des lésions des organes intra thoraciques qui viennent s’écraser sur les côtes ;
- d’une explosion (blast).
Risques & Conséquences
Une atteinte traumatique du thorax peut entraîner :
- une détresse respiratoire due à l’existence :
- de côtes cassées,
- d’un pneumothorax ou d’un hémothorax qui comprime le ou les poumons,
- d’une rupture ou plaie de la trachée ou des bronches.
- une détresse circulatoire, voire un arrêt cardiaque, par atteinte des gros vaisseaux ou du cœur.
Signes
Au cours du bilan circonstanciel et au cours de l’analyse du mécanisme de l’accident lors du bilan complémentaire, on retrouve un traumatisme parfois violent direct au niveau du thorax (coup, choc) ou indirect (décélération brutale).
Si la victime n’a pas perdu connaissance et peut s’exprimer, elle peut se plaindre :
- d’une douleur spontanée siégeant au niveau d’une ou plusieurs côtes ou provoquée par les mouvements respiratoires ou la toux ;
- d’une émission de crachats de sang rouge.
À l’examen, le secouriste peut trouver :
- une douleur à la palpation prudente des côtes ;
- une plaie avec ou sans bulles sanglantes à chaque expiration (vérifier le dos) ;
- une contusion ;
- une anomalie du soulèvement de la poitrine ;
- une déformation nette du thorax ;
- une toux incessante ;
- des crachats de sang rouge ;
- des lésions associées (polytraumatisme).
Toute plaie thoracique est considérée comme grave, même en l’absence de détresse respiratoire.
Principe de l’action de secours
L’action de secours doit permettre :
- de prévenir toute détresse respiratoire ou circulatoire par une surveillance attentive ;
- d’installer ou de transporter la victime dans une position d’attente adaptée à son état ;
- de demander un avis médical.
La victime a perdu connaissance
Appliquer la conduite à tenir devant une victime suspecte de traumatisme et qui a perdu connaissance, si elle respire.
La victime, consciente, présente une détresse vitale
Appliquer la conduite à tenir adaptée à une victime qui présente une détresse respiratoire ou circulatoire.
La victime ne présente pas de détresse vitale apparente
- mettre immédiatement la victime dans une position assise ou demi-assise dès lors qu’il existe une gêne respiratoire ;
Cette position sera maintenue lors de son relevage et de son transport. - dénuder le thorax de la victime ;
Dans la mesure du possible cela doit se faire en préservant son intimité et si possible sans l’exposer au froid. - vérifier la présence de lésion dans le dos de la victime, particulièrement au cours de sa mobilisation (installation en position assise, PLS) ;
- administrer de l’oxygène en inhalation, si nécessaire ;
- protéger la plaie par un dispositif médical non occlusif spécifique à cette utilisation s’il est à disposition ;
En son absence, laisser la plaie à l’air libre¹. - protéger au plus vite contre le froid, le vent ou la chaleur ;
- transmettre le bilan pour obtenir un avis médical ;
- surveiller attentivement la victime du fait d’un risque d’aggravation brutale.
Il ne faut jamais retirer un corps étranger pénétrant dans le thorax, sauf si celui-ci empêche la réalisation d’une RCP.
¹En l’espèce, le pansement non occlusif doit permettre la sortie de l’air piégé dans le thorax par la plaie et empêcher sa pénétration.
Définition
Il existe trois types d’atteintes des os et des articulations des membres :
- l’entorse, qui est une lésion traumatique avec élongation, déchirure ou arrachement d’un ou plusieurs ligaments à la suite d’un mouvement exagéré ou forcé de l’articulation (faux mouvement), créant un écartement transitoire des deux extrémités osseuses ; Une entorse peut s’accompagner d’un arrachement osseux.
- la luxation, qui est une lésion traumatique d’une articulation avec perte complète et permanente des rapports articulaires normaux (l’articulation est déboîtée) ; Les deux extrémités des os ne sont plus au contact l’une de l’autre. Ce déplacement s’accompagne le plus souvent d’une lésion, voire d’une déchirure des ligaments qui entouraient et maintenaient l’articulation. Parfois, la luxation s’accompagne d’une fracture ou d’une atteinte des nerfs et des vaisseaux.
- la fracture, qui est une rupture totale ou partielle de l’os.
Elle est dite :- simple lorsqu’il n’existe pas de lésions associées visibles,
- compliquée lorsqu’il existe des lésions des structures adjacentes (nerfs, ligaments, muscles, vaisseaux), lorsqu’elle est accompagnée d’une plaie (fracture ouverte) et/ou si elle est déplacée.
Causes & Mécanisme
Une atteinte des os et des articulations des membres survient suite à une chute lors des activités de sport, de travail ou de loisir, un accident de circulation ou une agression.
Elle peut survenir à la suite d’un traumatisme :
- direct : la lésion se situe à l’endroit du choc ;
- indirect : la lésion est provoquée par un mouvement forcé en flexion, en extension ou en rotation ;
- par pénétration d’un corps étranger : blessures par arme à feu.
Risques & Conséquences
Les lésions des os et des articulations peuvent s’accompagner de complications telles que :
- une atteinte des vaisseaux ;
Gonflement du membre (hématome), extrémité du membre froide et pâle. - une lésion des nerfs ;
La victime perçoit des fourmillements à l’extrémité du membre atteint. Il existe parfois une disparition de la sensibilité ou de la motricité des doigts ou des orteils. - une plaie, il s’agit alors d’une fracture ouverte qui peut être hémorragique.
Les fractures de la cuisse ou de multiples fractures de membres peuvent entraîner une détresse circulatoire.
Signes
Un traumatisme des membres ou des articulations est suspecté lors du bilan circonstanciel ou lors de l’analyse du mécanisme de l’accident durant le bilan complémentaire (chute ou choc violent…).
Si la victime n’a pas perdu connaissance et peut s’exprimer, elle peut se plaindre :
- de la perception d’un craquement au moment de la chute ou du choc ;
- d’une douleur vive à l’endroit de la blessure ou à côté, augmentée par le mouvement ou la palpation ;
- de la difficulté voire de l’impossibilité à bouger le membre atteint ou à se déplacer.
À l’examen, on peut trouver une déformation et un gonflement visibles au niveau de la lésion.
Chez la victime qui a perdu connaissance, même en l’absence d’une déformation et d’un gonflement visible, une manifestation douloureuse lors de la palpation ou de la mobilisation de la victime doit faire suspecter une fracture.
Si la plupart des lésions des os et des articulations sont évidentes, elles peuvent être parfois plus difficiles à identifier. Le traumatisme de membre sera alors seulement suspecté par le secouriste et confirmé éventuellement lors de l’examen médical et radiographique.
Principe de l’action de secours
L’action de secours doit permettre :
- de rechercher le mécanisme de survenue de la lésion et sa violence ;
- d’empêcher l’aggravation en évitant tout déplacement de la zone blessée ;
- de rechercher et parer à toutes complications associées ;
- d’immobiliser la lésion avec du matériel spécifique avant tout déplacement de la victime ;
- de prendre un avis médical.
Traumatisme des membres
- limiter autant que possible les mouvements du membre blessé ;
- installer la victime :
- en position allongée, si l’atteinte se situe au niveau d’un membre inférieur, Il convient d’indiquer à la victime de ne pas bouger.
- en position assise, si l’atteinte se situe au niveau d’un membre supérieur.
Il convient alors d’indiquer à la victime de placer le membre atteint contre sa poitrine et de le soutenir avec une main dans la position la moins douloureuse possible.
- immobiliser le membre atteint à l’aide de l’attelle la plus appropriée ;
Lors de la mise en place de l’attelle, il faut toujours immobiliser la lésion et les articulations situées au-dessus et en-dessous. - appliquer du froid si possible, sauf s’il s’agit d’une fracture ouverte ;
L’application de froid a pour effet de limiter le gonflement et diminuer la douleur. - poursuivre le bilan complémentaire ;
- demander un avis médical ;
- surveiller la victime.
En présence d’une fracture :
- ouverte, non hémorragique :
- recouvrir la plaie d’un pansement stérile, avant l’immobilisation.
- ouverte avec saignement abondant :
- appliquer la conduite à tenir face à une hémorragie externe avant toute immobilisation.
- avec déformation :
- Immobiliser le membre en respectant la déformation.
Le réalignement d’une fracture est un geste très douloureux, il est réalisé par un médecin ou à la demande du médecin.
- Immobiliser le membre en respectant la déformation.
- Si la victime présente une fracture ouverte, avec un morceau d’os visible ou si la plaie qui saigne contient un corps étranger visible :
- ne toucher ni au morceau d’os ni au corps étranger car leur présence peut limiter le saignement et leur mobilisation pourrait aggraver la lésion,
- Si le saignement est important et massif, réaliser la pose d’un garrot (voir fiche garrot).
La victime a perdu connaissance
Appliquer la conduite à tenir devant une victime suspecte de traumatisme et qui a perdu connaissance, si elle respire.
La victime, consciente, présente une détresse vitale
- appliquer la conduite à tenir adaptée à une victime qui présente une détresse circulatoire ;
S’il s’agit d’un saignement abondant, consécutif à une fracture ouverte, appliquer la conduite à tenir face à une hémorragie externe avant toute immobilisation. - limiter au maximum les mouvements du membre blessé.