Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé au JDD vouloir lancer 3000 postes de « gendarmes verts », afin d’améliorer le travail d’enquête judiciaire, notamment en ce qui concerne les affaires d’incendies volontaires.
Durant l’été 2022, il y a eu entre 80 et 120 départs de feux par jour sur le territoire français. Un nombre significatif, ayant conduit à seulement 26 interpellations de pyromanes présumés.
« L’objectif est que, dans chaque brigade de gendarmerie, il y ait des gendarmes formés aux atteintes à l’écologie. Ce sera une révolution », assure le ministre.
Alors que la France traverse en ce moment une canicule d’une extrême sévérité, les soldats du feu sont très largement mobilisés partout en France, pour lutter contre des incendies de forêt et de végétation. Plus de 10’000 hectares ont été ravagés en Gironde depuis mardi dernier. Les feux sont toujours actifs ce dimanche et l’inquiétude monte chez les sapeurs-pompiers, puisque le pire est attendu dans les prochaines heures, avec des températures montantes et des vents plus forts.
Pour faire face à ces feux, l’appui des avions bombardiers d’eau est indispensable, au point que la France a demandé de l’aide à la Grèce et à l’Italie qui ont dépêché sur place quatre Canadair. Après huit heures de vol et près de 60 largages dans le Sud-Ouest, un pilote de Canadair est sorti de son silence, grâce à sa casquette de porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l’aviation civile. Droit de réserve levé.
« La maintenance […] n’est pas au niveau »
« On a des avions sur le parking qui ne peuvent pas voler. C’est simple, le 14 juillet 2019 sur ce même parking, nous avions 22 avions en capacité de voler. Trois ans plus tard, à date (14 juillet 2022, NDLR), nous en avons 13 », relate Christophe Govillot à nos confrères de Sud-Ouest. Et d’ajouter, « Nous avons six Dash, des avions rapides -ils font Nîmes Bordeaux en une heure- chargés de 10’000 litres de produits retardant, le septième doit être livré. Quatre sur six sont en mesure de voler. Quant aux Canadair, sur les 12, seulement 9 sont opérationnels »
D’après le pompier du ciel, la maintenance effectuée par des sociétés privées n’est pas au niveau. « Notre direction est incapable de mettre au garde à vous les sociétés qui en ont la charge, au frais du contribuable. On les paie pour avoir des avions disponibles, ce n’est pas le cas » précise-t-il.
Vieillissement de la flotte et manque de personnel
Toujours selon son témoignage, les pilotes font face à des pannes récurrentes sur la flotte de Canadair et déplorent un manque de pièces détachées. Le plus vieux date de 1992 et l’un d’entre eux attend un moteur depuis un mois. Un sujet complexe pour la France, alors que le fabriquant Bombardier a stoppé sa production. Depuis, c’est Viking Air qui a repris le flambeau. Mais la société attend de remplir son carnet de commandes avant de lancer sa chaîne de production.
« L’Europe a acheté 12 appareils, la France en aura deux, mais pas avant 2025. Notre pays ne s’est pas positionné pour en acheter. Plus on attend plus ça décale dans le temps, et nos Canadair ne seront pas fringants »
Autre sujet, le manque de personnel. En Gironde, Christophe a fait des rotations pendant huit heures (horaire réglementaire), avant de se poster à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. « Ils auraient pu repartir, mais nous n’avions personne à mettre dedans…. En tant que pilotes, ça nous fait mal ». Il faudrait 22 commandants de bord, alors que la Sécurité civile n’en compte que 16 actuellement. « Il faut être conscient que cette question des feux, avec le réchauffement est incontournable dans les années qui viennent. Et plus seulement pour le sud de la France » a-t-il ajouté à nos confrères de Sud-Ouest.
Le photographe Rémy Michelin, aidé par le pompier professionnel Guillaume Collard, vous entraîne dans ce monde si particulier qui est le feu de forêt. Au plus près des flammes mais aussi en vol à bord de l’hélicoptère de la Sécurité Civile, vous découvrirez des images exceptionnelles. Ce livre est réalisé sur plusieurs saisons estivales.
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Pour les sapeurs-pompiers de la Sarthe, incendies et feux de forêts sont « une actualité quotidienne » . Dès que le mercure s’affole au retour de la saison estivale, feux de forêts, de broussailles, de récoltes se multiplient. Avec 117 000 hectares de massifs forestiers, couvrant près de 20 % de la superficie du territoire, le département est le plus boisé de la région Pays de la Loire. En 2019, 210 hectares de végétation sont partis en fumée.
Notre département est de plus en plus menacé par les feux d’espaces naturels, qui surviennent dans un contexte évident de réchauffement climatique. Nous devons réagir » , alerte le président du conseil départemental, Dominique Le Mèner, vendredi 17 juillet 2020, à l’occasion d’un point presse en forêt de Bercé.
Surveiller les forêts 24 heures sur 24 depuis 16 points hauts
Si la meilleure protection reste la prévention » , le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Sarthe, soutenu par le département et la métropole du Mans, s’est lancé un pari audacieux : surveiller l’ensemble des forêts sarthoises, 24 heures sur 24, toute l’année. Comment ? Grâce à un réseau automatisé de vidéo détection et de localisation des feux de forêts, depuis le Codis (Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours) et le centre de secours principal Le Mans-Degré, où un opérateur gérera en permanence l’engagement des moyens.
D’ici mars 2021, des appareils de détection de fumée et des caméras de levée de doute seront installées sur seize points hauts du département. Sept châteaux d’eau et neuf pylônes, qui sillonnent le territoire de Sillé-le-Guillaume à Luché-Pringé, ont été sélectionnés pour accueillir ces appareils de prise de vue à 360°, d’une portée de vingt kilomètres.
La technologie remplace les anciennes tours de guet,résume le colonel Christophe Burbaud, chef de corps des sapeurs-pompiers de la Sarthe. En superposant les images en temps réel à des photos de référence, elle capte les départs de feu et leurs évolutions. L’enjeu est de les détecter et les localiser précisément pour optimiser nos interventions.