Le rapport que vient de publier l’Union européenne des sourds (ONG) sonne l’alarme : à moins de dix-huit mois de la révision du Code européen des communications électroniques (EECC), l’accès des un million d’Européens sourds aux services d’urgence reste lacunaire. L’organisation plaide pour des droits « actionnables » : Data suffisante pour la visio, intégration native du Real-Time Text (RTT) et, surtout, obligation de services vidéo-relais en langue des signes accessibles 24 h/24 et 7 j/7.
Pour les sapeurs-pompiers et opérateurs des CTA-CODIS, ces recommandations ne sont pas que juridiques : elles conditionnent la réception d’informations claires, visuelles et instantanées lors d’un départ feu, d’un AVP ou d’un secours à personne. L’adoption du « Total Conversation » (voix, texte, vidéo) rendrait chaque appel 112 pleinement inclusif, réduisant les erreurs de compréhension et les délais d’engagement.
Une urgence pour la révision 2025
L’EUD exige que la révision du EECC impose des standards européens minimum : vidéo-relais interopérables entre États, qualité de service contrôlée par l’Arcep et ses homologues, financement dédié via les fonds européens CERV et Connect. Les centres de traitement des alertes devront être équipés de caméras HD, d’écrans secondaires et de connexions fibre sécurisées pour traiter des appels en langue des signes, y compris en roaming pour les touristes sourds.
Les opérateurs de secours devront également former leurs personnels à la culture sourde : gestes de base en LSF, protocole de passation avec un interprète vidéo, gestion du stress en visio. Ces évolutions rejoignent les standards prônés par l’EENA, qui souligne que seule « une fraction » des PSAP européens savent aujourd’hui gérer autre chose que la voix.
La France engagée… mais perfectible
L’Hexagone dispose déjà du numéro 114, accessible par SMS, tchat et application. Ce service, loué par l’EENA, constitue un socle solide, mais il reste textuel ; la communication en LSF dépend encore d’applications tierces et d’interprètes extérieurs, avec des délais variables.
Le rapport EUD invite donc la France à passer à la vitesse supérieure : RTT native sur tous les smartphones, visio-relais 24/7 financé par les opérateurs, et modernisation des PSAP pour qu’un appel sourd en LSF soit traité avec la même fluidité qu’un appel vocal. Au-delà de l’inclusion, ces investissements amélioreront la qualité globale des échanges multimédia, au bénéfice de tous les primo-intervenants.