Plaie de la face

À l’exception des éraflures sans gravité, une plaie de la face ou du cou doit être considérée et prise en charge comme une plaie grave du fait de sa localisation.

Si la plaie saigne abondamment, arrêter le saignement en réalisant une compression manuelle. Si la plaie est située au niveau du cou, veiller à ne pas comprimer la trachée de la victime. Maintenir la compression manuelle ou utiliser les pansements compressifs d’urgence avec contre-appui sous le bras opposé.

Laisser les corps étrangers en place même s’ils sont transfixiants, sauf s’ils entraînent une obstruction des voies aériennes.

Atteinte traumatique de l’œil

Traumatisme dentaire

Fracture de la face (mandibule, maxillaire supérieur, os du nez)

Ces lésions sont susceptibles de provoquer un saignement abondant qui peut s’écouler et encombrer les voies aériennes (voir fiche conduite à tenir détresse respiratoire).

Si le traumatisme est mineur, appliquer la conduite à tenir devant un saignement de nez (voir fiche hémorragie extériorisée par le nez).

Dans tous les cas

Référence du cours : 08PR12. Mis à jour en septembre 2019 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Principes de l’action de secours

Abord relationnel de la victime

L’action de secours doit permettre :

Eléments essentiels dans la prise en charge

Observer, rechercher

En présence d’une personne en situation de crise, le bilan circonstanciel est essentiel. L’observation et la recherche d’éléments auprès de la victime, de son entourage et de son environnement, doivent permettre de repérer et d’identifier :

C’est à partir de cette première étape que les stratégies de protection et de prise en charge vont pouvoir être déterminées.

Sécuriser, protéger

Apaiser la détresse, répondre aux besoins

Dans l’abord relationnel de la victime, le secouriste cherche à favoriser l’apaisement émotionnel, voir à prévenir une potentielle escalade d’agressivité pouvant conduire à la violence et se traduire par un passage à l’acte auto ou hétéro-agressif. Cette action s’exerce dans le calme, sans précipitation ni hésitation. Aussi, elle permet de compléter le bilan, puis d’engager les soins nécessaires.

Néanmoins, lors d’états d’agitation incontrôlables et dangereux, l’abordage relationnel a ses limites et la sédation par un traitement médicamenteux sera indispensable.

Conduite à tenir spécifique

Le secouriste devra s’adapter à la spécificité de chaque situation et de chaque personne. Il appliquera les principes de l’abord relationnel de la victime, et sera de plus particulièrement attentif aux points suivants :

Lorsque la personne présente une réaction de type hypoactive (silencieuse)

La tâche essentielle consiste à orienter l’attention de la victime sur des éléments sécurisants et sur des tâches simples, positives et non stressantes.

Lorsque la personne présente une réaction de type hyperactive (bruyante)

Contextes particuliers

Plusieurs contextes particuliers nécessite d’adapter la conduite à tenir, il s’agit de :

La victime au comportement agressif / violent

Le secouriste, peut se trouver confronté à des victimes présentant des comportements agressifs, voire violents, de nature différente. En effet, ces violences peuvent être non intentionnelles (le fait de personnes en état d’irresponsabilité : patients psychiatriques, toxicomanes, personnes en état d’ivresse, …), parfois dirigées contre la victime elle-même (automutilation, etc) ou encore intentionnelles, en direction du secouriste.

Contexte

Après une accumulation émotionnelle, la personne manifeste une tension nerveuse avec apparition d’anxiété et d’agitation psychomotrice. La personne n’étant plus à ce moment en état de raisonner, il peut s’en suivre alors un état de panique avec impossibilité à prendre du recul par rapport à la situation et à la critiquer.

Si, à ce moment, la situation n’est pas maîtrisée et le processus interrompu, alors la tension accumulée se libère : c’est le passage à l’acte. Immédiatement après, survient une phase de soulagement pour la personne ainsi vidée de son énergie.

L’agressivité

Peut être tournée vers la victime elle-même, en direction de tiers ou des secouristes. Cet état est soustendu par une émotion de colère dont les origines peuvent être multiples. La victime agressive est une personne qui souffre, qui se défend face à un problème qu’elle perçoit et qu’elle ne sait pas gérer.

Les comportements agressifs prennent différentes formes :

Les signes d’alerte d’un passage à l’acte violent

Conduite à tenir spécifique face au geste violent (coups et blessures, bousculades, crachats, … )

Abord relationnel possible

  • Maintenir un contact verbal :
    • Laisser la victime s’exprimer.
    • Adopter une attitude d’écoute sans jugement, savoir se taire, écouter la personne jusqu’au bout et ne pas lui couper la parole.
    • Montrer à la personne que l’on a perçu l’agressivité
    • En aucun cas accepter qu’elle s’exprime avec agressivité ou manque de respect o Utiliser la reformulation
    • Clarifier tous les points de désaccord
    • Chercher à positiver le dialogue
    • Encourager la personne à suggérer une solution au problème
  • Analyser en permanence la situation et appeler du renfort même si la personne est devenue calme car cette dernière pourrait à nouveau devenir agressive.

Abord relationnel impossible

Mesures de sauvegarde :

Dans les situations de crise avec danger, les secouristes doivent se retirer et alerter.

L’usage de la force pour maîtriser la victime n’est pas du ressort du secouriste, sauf 2 exceptions :

  • pour préserver sa propre intégrité
  • ou dans la mesure du possible pour limiter un danger manifestement grave et imminent.

Les morts inattendues

On qualifie le décès d’inattendu lorsque la mort survient de façon brutale chez un sujet à priori en bonne santé. Le décès peut être naturel, violent, accidentel ou par homicide.

Contexte

Dans ces contextes, les secouristes sont généralement confrontés :

La souffrance des témoins et/ou de l’entourage sera influencée par les facteurs suivants :

Ces derniers, témoins et entourage, nécessitent une prise en charge à part entière. Selon la nature de la relation avec le décédé, les sentiments éprouvés peuvent varier et parfois donner lieu à une décharge brutale de souffrance psychique et à la mise en place de mécanismes de défense psychologique : sidération, malaise, effondrement, incompréhension déni, culpabilité, recherche de responsabilité, agressivité, colère, etc. Ils sont naturels et leur abord ne relève pas nécessairement d’un professionnel de la santé mentale. Une présence empreinte d’humanité et de bienveillance constitue la première réponse au besoin des endeuillés.

Conduite à tenir spécifique

Le travail de deuil, c’est-à-dire, l’adaptation à la perte d’un proche, est un processus qui s’inscrit progressivement dans le temps et dont le point de départ, l’annonce du décès, va grandement influer sur son déroulé. Il s’agit donc d’un moment très important pour lequel un maximum de précautions est nécessaire.

A titre très exceptionnel, le secouriste peut être amené à réaliser l’annonce du décès. Le décès doit être annoncé de façon claire et adaptée.

Il s’agit de fournir des informations honnêtes et claires, avec empathie et respect, de manière à engager les proches dans un processus de deuil sans brutalité supplémentaire :

Les victimes de violences

Contexte

Qu’elles aient lieu dans l’intimité du milieu familial (violences conjugales, maltraitances) ou commises à l’extérieur par des personnes inconnues ou des connaissances, la violence peut être verbale, physique, psychologique, sexuelle et/ou liée à la négligence et aux privations. Il peut s’agir d’un geste isolé de violence ou d’un certain nombre de gestes qui s’inscrivent dans un cycle de maltraitance.

Dans ces contextes, il peut exister une certaine complexité pour établir une relation avec la victime et pour évaluer la situation, notamment :

Le secouriste occupe une place prépondérante car il est souvent celui qui constitue le premier soutien. Son regard bienveillant permet à la victime de retrouver une part de sentiment de sécurité. Ses qualités d’écoute et d’empathie sont déterminantes pour engager la victime vers la reconnaissance du préjudice subi. La personne doit se sentir rassurée, en confiance afin de ne pas vivre sa prise en charge comme une nouvelle agression.

Conduite à tenir spécifique

Précisions

Il ne s’agit pas de réaliser une enquête, mais d’évaluer les risques encourus afin de déterminer la réponse opérationnelle la plus adaptée dans l’immédiat. Ainsi doit être appréciée la nécessité du recours aux forces de l’ordre, qui ne se fera que dans trois conditions : un danger persistant pour la/les victime(s), pour l’équipage ou lorsque la victime en fait la demande.

La crise suicidaire

Contexte

Etat de « crise psychique », temporaire et réversible, dont le risque majeur est le suicide (« acte de se donner délibérément la mort », OMS 2014).

Il s’agit d’un moment de la vie d’une personne où celle-ci se sent dans une souffrance majeure, dans une impasse avec l’impossibilité de s’en sortir. La personne est submergée par les émotions, elle présente une fatigue physique et morale qui altère son jugement et l’empêche de raisonner. L’idée suicidaire devient de plus en plus présente et finit par s’imposer comme la seule issue possible à cette souffrance.

Le processus suicidaire se met en place suite à une accumulation de facteurs (familiaux, professionnels, sociaux, …) et ne résulte jamais d’une seule origine.

Signes et manifestations :

Conduite à tenir spécifique

Face à une personne en crise suicidaire, la tâche des secouristes consistera à repousser l’échéance du passage à l’acte en reconnaissant la souffrance de la personne en crise et en discernant les éléments qui augmentent le risque de passage à l’acte.

Pour déterminer les priorités de l’intervention, il convient de procéder assez rapidement à l’évaluation du potentiel suicidaire, en prenant en compte :

Critères d’une urgence élevée

La victime doit percevoir qu’elle est prise en compte et respectée. Le dialogue se réalise avec tact, sans émettre de jugement de valeur (propos moralisateurs ou de « bon sens »). Il faut bannir toute provocation, tout ordre catégorique, se retenir de minimiser les problèmes et de dévaloriser le geste (« une bêtise »). Il s’agit de reconnaître et d’aborder clairement la situation de crise.

Précisions

Les événements exceptionnels

Contexte

Le secouriste peut être amené à intervenir lors de catastrophes ou de situations exceptionnelles.

Il s’agit d’évènements inhabituels survenant de manière brutale, la plupart du temps, entraînant des dégâts tant humains que matériels et pouvant être à l’origine d’un afflux de victimes : catastrophes majeures (telles que inondations, feux de forêt, ouragans, …) ou Accidents Catastrophiques à Effet Limité (accidents de transport par voie routière impliquant plusieurs véhicules (carambolages) ou des véhicules de transport (autocar, train, …), incendies en milieu urbain, les accidents liés au gaz, accidents technologiques, accidents au cours des rassemblements de foule, attentats terroristes), ou encore les pandémies.

Ces événements comportent une extrême violence et s’accompagnent :

L’action de secours peut se révéler particulièrement complexe du fait :

Conduite à tenir spécifique

Il s’agit là de tenter de gérer un attroupement ou une foule afin de diminuer l’anxiété d’une ou des victimes et des impliqués.

Face à un attroupement ou une foule

En cas de mouvement de panique

Les réactions de détresse doivent alerter, elles sont l’indice d’une blessure psychologique grave. Une prise en charge médicale et/ou psychologique est indiquée afin de faire face à l’installation dans la durée de troubles psycho-traumatiques.

Il sera donc nécessaire d’orienter ces personnes vers une prise en charge psychologique spécialisée (aux urgences hospitalières ou à proximité de la catastrophe par les Cellules d’Urgences MédicoPsychologiques).

Rappel sur les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique

Les cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) constituent, en France, un dispositif de prise en charge psychologique précoce des blessés psychiques dans les situations d’urgence collective (événements majeurs, sinistres, ou encore attentats) intervenant dans le cadre du SAMU.

Les CUMP sont composées de spécialistes (psychiatres, psychologues, infirmiers) spécialement formés à ce type d’urgence.

La CUMP est déclenchée à l’initiative du SAMU

 

Référence du cours : 09PR01. Mis à jour en novembre 2021 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.