Définition

Les gelures sont des lésions de la peau et des tissus sous-jacents provoquées par un refroidissement local intense suite à une exposition prolongée au froid. Elles siègent en général au niveau des extrémités du corps les plus exposées et les plus éloignées du cœur (pieds, mains) et aussi au niveau du visage (nez, oreilles, joues, lèvres).

Causes

Les lésions de gelures peuvent se rencontrer :

Mécanisme

Lorsque la température ambiante devient proche de zéro (0 °C), les vaisseaux à la surface de la peau commencent à se contracter, c’est la vasoconstriction.

Cette vasoconstriction permet normalement à l’organisme de maintenir constante la température générale du corps et d’éviter ainsi une hypothermie.

Cependant, si elle est intense et prolongée, elle entraine une diminution du débit sanguin des extrémités exposées et entraine une lésion par ischémie de la peau et des tissus sous-jacents.

À ceci s’ajoute la survenue de cristaux intra et extracellulaires, de caillots intravasculaires et d’une réaction inflammatoire au réchauffement.

Les gelures sont plus fréquentes s’il existe un ou plusieurs des facteurs suivants :

Risques & Conséquences

En fonction du niveau de température d’exposition, de la durée de l’exposition, de l’étendue et de la profondeur de la zone atteinte, on peut distinguer, selon la réversibilité des lésions, plusieurs stades de gravité allant de lésions ischémiques réversibles a des lésions de nécrose irrémédiable qui imposeront une amputation.

L’aspect des tissus atteints permet de déterminer plusieurs stades de gravité croissants, stades encore appelés « degrés » de la gelure :

degre-gelures

Le plus souvent, comme pour la brûlure, les degrés peuvent s’associer. L’identification de son degré de gravité, qui dépend de l’aspect final de la gelure, est réalisée en milieu hospitalier.

Signes

Le 1er regard permet de constater une exposition prolongée au froid.

Le 2ème ou 3ème regard recherchera plus particulièrement des signes d’une hypothermie ou d’autres détresses vitales qui peuvent être associées. Lors du 4ème regard, l’interrogatoire de la victime doit faire préciser :

La recherche des antécédents de la victime peut retrouver des facteurs favorisants la gelure : tabagisme, absorption d’alcool, maladies vasculaires et infectieuses, diabète, prise de médicaments (béta bloquants, sédatifs, neuroleptiques).

L’examen des zones exposées permet de constater une pâleur cireuse locale, une zone glacée et un durcissement au toucher. Enfin, si la gelure est évoluée, la présence de cloques et d’un œdème sera observée.

La présence d’autres traumatismes doit être précisée, car ils favorisent l’installation de la gelure (immobilisation).

Principe de l’action de secours

L’action de secours doit permettre :

Il ne faut en aucune manière essayer de réchauffer une gelure s’il existe le moindre risque d’une nouvelle exposition au froid de la partie atteinte ou si l’on est à proximité d’un centre médical ou d’une prise en charge médicale.

En l’absence de risque de réexposition au froid et si la prise en charge médicalisée ne peut être rapidement effectuée, il est possible, si le matériel est disponible, d’effectuer un réchauffement des gelures sévères et graves de moins de 24 heures en immergeant les parties atteintes dans l’eau tempérée entre 37 °C et 39 °C durant vingt à trente minutes, ou jusqu’à ce que la zone atteinte prenne une couleur rouge ou pourpre et souple au toucher.

En l’absence de récipient d’eau, des systèmes de chauffage liquide (sachets) peuvent être utilisés, à condition de ne pas les poser directement sur la gelure, mais d’interposer une épaisseur de tissu afin que la température ne soit pas supérieure à 39 °C. Toutes températures supérieures à 39 °C ou l’utilisation d’une chaleur sèche sont à proscrire, car elles aggravent les lésions et peuvent créer des brûlures.

Lors du réchauffement, les extrémités peuvent se recolorer, devenir rouges ou pourpres, douloureuses et souples au toucher. Cela signe la disparition de la vasoconstriction. Des cloques peuvent apparaître. Dans ce cas :

NB : L’administration préventive ou curative de médicaments pour lutter contre la gelure n’est pas nécessaire.

Référence du cours : 07PR07. Mis à jour en juin 2018 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Définition

L’homme est homéotherme, c’est-à-dire que sa température à l’état normal est constante et se situe aux alentours de 37 °C.

L’hypothermie accidentelle se définit comme une chute involontaire de la température corporelle audessous de 35 °C.

Causes

L’hypothermie est due à une exposition prolongée à un environnement froid, en particulier humide, surtout lorsque la victime présente un ou des facteurs favorisants suivants :

L’hypothermie menace également toute victime d’un traumatisme ou d’une brûlure grave, même si elle n’est pas exposée à un froid important.

Risques & Conséquences

L’hypothermie provoque un ralentissement des fonctions vitales pouvant aller, éventuellement, jusqu’à leur interruption (perte de connaissance, arrêt cardiaque).

On classe généralement les hypothermies en fonction de leur température et des signes qui y sont associés :

Signes

Le 1er regard permet de constater une exposition prolongée au froid ou à une immersion (noyade). Lors du 2ème ou 3ème regard, la victime peut présenter :

L’examen met en évidence :

Il est souvent très difficile de mesurer sur les lieux la température d’une victime qui présente une hypothermie. La corrélation des signes présentés par la victime avec sa température centrale aide le secouriste et le médecin régulateur à évaluer le degré de gravité de l’hypothermie.

Principe de l’action de secours

L’action de secours doit permettre :

 

Référence du cours : 07AC07. Mis à jour en juin 2018 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

La victime présente une détresse vitale

Précautions particulières pour la RCP d’une victime hypotherme :

La victime présente une hypothermie sévère ou modérée

La victime présente une hypothermie légère

Réchauffement de la victime

Devant une victime consciente qui présente une hypothermie légère avec des frissons intenses, réaliser un réchauffement passif :

Devant une victime qui présente une hypothermie modérée ou sévère sans frisson, réaliser un réchauffement actif.

Référence du cours : 07PR10. Mis à jour en juin 2018 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Définition

L’intoxication est un trouble engendré par la pénétration dans l’organisme d’une substance appelée poison ou toxique.

Causes

Les poisons ou toxiques peuvent être des aliments contaminés, des plantes vénéneuses, des toxiques domestiques (lessives, détergents, décapants, désherbants…), des toxiques industriels (gaz toxiques, produits chimiques…), actes malveillants (terrorisme, etc.).

Les drogues, les médicaments et l’alcool peuvent également provoquer des intoxications.

Le poison pénètre dans l’organisme par :

L’intoxication peut aussi être causée par un environnement toxique. Le toxique est alors dans l’air, sous forme de gaz ou de fines particules en suspension (monoxyde de carbone, gaz carbonique, fumées d’incendie, gaz irritants, toxiques de guerre). Le mode de pénétration privilégié est alors l’inhalation, secondairement l’absorption.

Risques & Conséquences

La gravité d’une intoxication varie en fonction de la nature du toxique et de la quantité de substance toxique qui a pénétré dans l’organisme.

Les toxiques peuvent entraîner des troubles, immédiats ou retardés, dont la gravité, pouvant parfois conduire à la mort, varie en fonction de la nature et de la quantité qui a pénétré dans l’organisme.

En présence d’un environnement toxique, la sécurité des intervenants est une priorité. En effet, ceux-ci peuvent sans le savoir entrer en contact avec le toxique, d’autant plus que certains gaz mortels sont totalement inodores et invisibles comme le monoxyde de carbone.

Signes

En présence d’une intoxication due à un environnement toxique, le bilan circonstanciel est essentiel. Il permet :

En dehors de la présence d’un environnement toxique, l’intoxication est principalement due à l’ingestion volontaire ou accidentelle, liée à une erreur de dosage ou à l’ingestion d’aliments toxiques ou avariés.

Le bilan circonstanciel est là aussi essentiel, il permet de relever ou de rechercher la présence :

L’interrogatoire de la victime, comme de son entourage, doit permettre de déterminer :

L’examen de la victime peut retrouver des signes spécifiques qui peuvent faire évoquer des signes de consommation de drogues :

Principe de l’action de secours

L’action de secours doit permettre :

 

Référence du cours : 07AC08. Mis à jour en septembre 2019 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

En cas d’intoxication (ingestion, injection)

Intoxication aux opiacés ou aux opioïdes

L’usage excessif volontaire ou non d’opiacés ou opioïdes est une cause fréquente de décès par intoxication.

La dépression respiratoire avec troubles de la conscience et myosis sont des signes caractéristiques de surdosage ou d’intoxication aux opiacés ou aux opioïdes. L’évolution peut se faire vers la perte de connaissance et la mort de la victime par anoxie.

Devant une victime qui présente une intoxication aux opiacés avec dépression respiratoire (FR < 12 mvts/min) et/ou une perte de connaissance, il faut :

En cas de projection d’un toxique sur la peau

Si le produit a provoqué une brûlure :

En l’absence de brûlure :

¹La sécurité et l’efficacité de naloxone administrable par pulvérisation intra-nasale chez les enfants de moins de 14 ans n’ont pas été établies.

Référence du cours : 07PR11. Mis à jour en novembre 2021 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

En présence de nombreuses victimes :

En présence d’un nombre restreint de victimes :

Référence du cours : 07PR12. Mis à jour en septembre 2014 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Définition

La noyade est une détresse respiratoire due à l’immersion ou à la submersion de la victime.

On parle de submersion lorsque le visage de la victime est recouvert d’eau ou d’un liquide, ce qui entraine l’asphyxie de la victime et un arrêt cardiaque en quelques minutes.

On parle d’immersion lorsque le corps de la victime est dans l’eau alors que sa tête est au-dessus du niveau de l’eau, dans la plupart des cas grâce au port d’un gilet de sauvetage. Dans ce cas, la victime a les voies aériennes au-dessus de l’eau, même si elle a le visage éclaboussé par de l’eau, mais devient rapidement hypotherme.

Une personne victime d’une noyade peut mourir ou survivre avec ou sans séquelles, mais quel que soit son devenir, on dira qu’elle a été victime d’une noyade.

On parle de noyé lorsque la victime décède à la suite d’une noyade et qu’aucun geste de réanimation n’a été réalisé.

Causes

La noyade peut provenir :

L’hypothermie, l’hypoglycémie, la prise d’alcool ou de toxiques sont autant de facteurs qui peuvent faciliter une noyade.

Risques & Conséquences

Les conséquences d’une noyade sont multiples et expliquent l’adaptation de la conduite à tenir. Ainsi :

La noyade constitue un problème majeur de santé publique. En France, les noyades accidentelles sont responsables de plus de 500 décès chaque année et parfois de graves séquelles. Chez les enfants d’un à quatorze ans, elles représentent la deuxième cause de décès accidentel. Les hommes représentent plus de deux tiers des victimes et les noyades surviennent préférentiellement à la mer ou dans des cours ou plans d’eau.

Signes

C’est le bilan circonstanciel qui permet d’évoquer la noyade.

En fonction du temps passé dans l’eau, de l’âge et des antécédents, la victime peut présenter, au bilan d’urgence vitale et complémentaire, un état de gravité différent. Ainsi, il est possible de se trouver en présence d’une victime :

Principe de l’action de secours

L’action de secours doit permettre :

Référence du cours : 07AC09. Mis à jour en juin 2018 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Dans tous les cas :

Spécificités liées à la prise en charge d’une victime de noyade

Référence du cours : 07PR13. Mis à jour en novembre 2021 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Définition

La pendaison est une suspension du corps par le cou.

La strangulation (ou étranglement) est une constriction du cou ou une pression sur la gorge.

Causes

La pendaison, comme la strangulation, peut survenir :

Risques & Conséquences

Lorsqu’une pression est exercée sur l’extérieur du cou, les voies aériennes et les vaisseaux du cou sont comprimés. L’afflux d’air vers les poumons comme la circulation du sang vers le cerveau sont interrompus.

Lors de la pendaison, sous l’effet du poids du corps (chute), il peut y avoir une lésion vertébrale avec atteinte de la moelle épinière.

Signes

Le bilan circonstanciel permet le plus souvent de constater une pendaison ou de suspecter une strangulation : corps pendu même si une partie du corps touche le sol, présence d’un objet constrictif autour du cou…

Lors du bilan d’urgence vitale, la victime peut présenter :

Si la victime est consciente, la victime peut présenter, à l’interrogatoire, une raucité de la voix ou une difficulté à respirer.

L’examen permet de constater la présence de marques éventuelles (traces de strangulation).

Principe de l’action de secours

L’action de secours doit permettre :

Référence du cours : 07AC10. Mis à jour en septembre 2014 par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.