Indication
Cette technique est indiquée en cas d’obstruction complète des voies aériennes par un corps étranger :
- lorsqu’il est impossible d’encercler l’abdomen de la victime :
- adulte obèse ;
- femme enceinte dans les derniers mois de grossesse ;
- personne alitée ou difficilement mobilisable.
- chez une victime qui peut tenir sur l’avant-bras du sauveteur (nourrisson).
Justification
Le but de cette technique est de comprimer l’air contenu dans les poumons de la victime et d’expulser le corps étranger par un effet de « piston ».
Suivant l’importance et la position du corps étranger, plusieurs pressions successives peuvent être nécessaires pour l’expulser.
Matériel
Aucun matériel.
Réalisation
Chez l’adulte obèse ou la femme enceinte
- se positionner derrière la victime ;
- placer ses avant-bras sous les bras de la victime et encercler la poitrine de la victime ;
- mettre un poing au milieu du sternum, sans appuyer sur la pointe inférieure de celui-ci ;
- placer l’autre main sur la première, sans appuyer les avant-bras sur les côtes ;
- tirer franchement en exerçant une pression vers l’arrière ;
- effectuer d’une à cinq compressions ;
- arrêter dès que la désobstruction est obtenue.
Chez le nourrisson
- placer l’avant-bras contre le dos du nourrisson, la main soutenant sa tête ;
- tourner le nourrisson sur le dos en le maintenant fermement ;
- placer l’avant-bras, sur lequel repose le nourrisson, sur la cuisse du sauveteur ;
- La tête du nourrisson doit être plus basse que le reste du corps ;
- repérer le bas du sternum à la jonction des dernières côtes (appendice xiphoïde) ;
- placer la pulpe de deux doigts d’une main au milieu de la poitrine, sur la moitié inférieure du sternum, un travers de doigt au-dessus de la pointe inférieure du sternum ;
- effectuer de une à cinq compressions profondes et successives, en relâchant la pression entre chaque ;
- arrêter dès que la désobstruction est obtenue.
Chez la personne alitée
-
si la victime qui présente une obstruction complète des voies aériennes est alitée, le sauveteur peut réaliser des compressions thoraciques comme pour le massage cardiaque
Risques & Contraintes
Des complications par traumatisme des organes internes, des côtes ou du sternum peuvent survenir après ces manœuvres. Ce risque ne doit pas diminuer la qualité des compressions thoraciques qui est absolument nécessaire au rejet du corps étranger.
Évaluation
L’efficacité de la technique est jugée sur :
- le rejet du corps étranger chez l’adulte ;
- l’apparition de toux chez l’adulte ;
- l’apparition de pleurs ou de cris chez le nourrisson ;
- la reprise d’une respiration normale.
Indication
Le garrot est indiqué lorsque la compression directe est inefficace ou impossible (victime qui présente de nombreuses lésions, plusieurs victimes, plaie inaccessible, présence d’un corps étranger) ou lors de situations particulières (catastrophes, théâtres d’opérations militaires ou situations apparentées, situation d’isolement).
Il ne peut être posé qu’aux membres supérieurs ou inférieurs.
Justification
Le garrot arrête une hémorragie externe en interrompant totalement la circulation du sang en amont de la plaie.
Matériel
- garrots spécifiques :
Plusieurs modèles commercialisés ont fait la preuve de leur efficacité.
- garrot improvisé composé :
- d’un lien de toile forte de 3 à 5 cm de large et de 1,50 m de longueur au minimum. Ce lien peut être éventuellement improvisé avec une cravate, une écharpe, un foulard en l’absence de tout matériel,
- d’un bâton de métal ou de bois, solide, pour permettre un serrage efficace par effet tourniquet,
- éventuellement un second lien plus court pour fixer le bâton.
Réalisation
Garrot spécifique
Il est nécessaire dans tous les cas de se référer aux préconisations du fabricant. Toutefois, ces garrots utilisent en majorité le même principe de pose :
- se munir du matériel nécessaire ;
- glisser la sangle du garrot autour du membre ;
- positionner le dispositif correctement :
- à quelques centimètres de la plaie (idéalement 5 à 7 cm),
- entre la plaie et la racine du membre,
- jamais sur une articulation.
- fixer la sangle en la passant dans la boucle prévue à cet effet afin que le garrot entoure le membre ;
- actionner le dispositif de serrage jusqu’à l’obtention de l’arrêt du saignement ;
- bloquer le dispositif de serrage pour que le garrot ne lâche pas brutalement et veiller à ce qu’il soit positionné à l’extérieur du membre pour ne pas occasionner de blessures au moment du brancardage ;
- laisser préférentiellement le garrot visible ;
- Si la victime est totalement recouverte afin de lui éviter une hypothermie préjudiciable en cas de saignement, l’efficacité du garrot doit être vérifiée régulièrement et fréquemment.
- noter l’heure de pose du garrot (sur le garrot, sur la fiche de la victime, voire sur son front en cas de nombreuses victimes) afin de pouvoir la communiquer aux personnes assurant le relais dans la prise en charge de la victime.
Garrot improvisé
- se munir du matériel nécessaire ;
- faire, avec le lien large, deux tours autour du membre, en le positionnant correctement :
- à quelques centimètres de la plaie (idéalement 5 à 7 cm),
- entre la plaie et la racine du membre,
- jamais sur une articulation.
- faire un nœud ;
- placer au-dessus du nœud le bâton ;
- faire deux nouveaux nœuds, au-dessus du bâton ;
- tourner le bâton afin de serrer le garrot jusqu’à l’obtention de l’arrêt du saignement ;
- entourer, avec le lien large restant, le membre, en englobant le bâton afin qu’il soit fixé et que le garrot ne se desserre pas ;
- réaliser un dernier nœud de maintien ;
Il est possible, si l’on a un second lien, de l’utiliser pour fixer le bâton :
-
- placer le lien court parallèlement au membre à la hauteur souhaitée du garrot,
- faire deux tours avec le lien large autour du membre et appliquer le procédé ci-dessus jusqu’à l’arrêt du saignement,
- attacher le bâton avec le second lien pour que le garrot de ne se desserre pas.
- laisser préférentiellement le garrot visible ;
Si la victime est totalement recouverte afin de lui éviter une hypothermie préjudiciable en cas de saignement, l’efficacité du garrot doit être vérifiée régulièrement et fréquemment.
- noter l’heure de pose du garrot (sur le garrot, sur la fiche de la victime, voire sur son front en cas de nombreuses victimes) afin de pouvoir la communiquer aux personnes assurant le relais dans la prise en charge de la victime.
Risques & Contraintes
Le garrot supprime totalement la circulation du sang dans le segment de membre concerné. Il doit être posé en respectant scrupuleusement les indications ci-dessus.
Dans certains cas, le garrot ne peut être installé : plaie du cou, plaie ou section de membre qui siège trop près de sa racine (pli de l’aine, creux axillaire). Il est alors nécessaire de maintenir une compression manuelle locale ou de mettre en place un pansement compressif avec contre-appui opposé.
Une fois le garrot posé, il ne doit être desserré que sur ordre d’un médecin.
Évaluation
Le garrot est efficace si le saignement est arrêté.
En cas de persistance du saignement, resserrer le garrot. Si ce n’est pas suffisant, compléter par un ou plusieurs autres dispositifs d’arrêt des hémorragies1.
1 second garrot entre le premier et la racine du membre et/ou, si disponible, gaze imbibée d’une substance hémostatique avec pansement compressif.
Indication
Victime qui a perdu connaissance, en position assise, tête penchée en avant.
Justification
Une victime ayant perdu connaissance en position assise (en particulier dans un véhicule) peut présenter des signes d’obstruction des voies aériennes. Si la tête est penchée en avant, la paroi postérieure du pharynx vient s’appliquer contre la base de la langue et empêche le libre passage de l’air.
Cette technique est souvent suffisante pour rétablir la liberté des voies aériennes et contrôler sa respiration.
Matériel
Aucun matériel.
Réalisation
- se placer à côté de la tête de la victime en restant à l’extérieur du véhicule pour des raisons de sécurité (airbag ou autre) ;
- ouvrir la porte du véhicule ou passer les avant-bras par la fenêtre du véhicule ;
- saisir la tête de la victime à deux mains :
- placer une main en arrière de la tête, juste au-dessus de la nuque,
- glisser l’autre main sous le menton de la victime.
- ramener la tête en position neutre, dans l’axe du tronc, en exerçant une légère traction vers le haut ; Cette traction douce permet de délester le rachis cervical du poids de la tête de la victime.
- apprécier la respiration de la victime ;
- maintenir cette position jusqu’à la réalisation d’une stabilisation de la tête, si la victime respire.
Risques & Contraintes
La LVA doit être réalisée avec précaution pour éviter toute aggravation d’un traumatisme du rachis cervical.
Évaluation
La libération des voies aériennes est efficace si la respiration de la victime peut s’effectuer normalement.
Indication
La libération des voies aériennes (LVA) par bascule prudente de la tête en arrière et élévation du menton est réalisée chez toute victime ayant perdu connaissance, non suspecte d’un traumatisme du rachis, avant d’apprécier sa respiration.
Justification
La perte de connaissance provoque une forte diminution du tonus musculaire qui entraîne, si la victime reste allongée sur le dos, une obstruction des voies aériennes par chute de la langue en arrière.
La LVA par bascule prudente de la tête en arrière et élévation du menton permet de dégager la langue de la paroi postérieure du pharynx et la libre circulation de l’air :
- pour apprécier la ventilation d’une victime qui a perdu connaissance lors du bilan d’urgence vitale ;
- pour faciliter la ventilation d’une victime qui a perdu connaissance et qui ventile ;
- pour réaliser une ventilation artificielle.
Chez le nouveau-né et le nourrisson, du fait de leur anatomie, ce mouvement doit se limiter à ramener la tête en position neutre afin de ne pas entraîner une obstruction des voies aériennes.
Matériel
Aucun matériel.
Réalisation
Chez l’adulte ou l’enfant
- desserrer ou dégrafer rapidement tout ce qui peut gêner la respiration ;
- basculer doucement la tête de la victime en arrière et élever le menton. Pour cela :
- placer la paume de la main du secouriste, côté tête, sur le front de la victime,
- placer deux ou trois doigts de l’autre main, juste sous la pointe du menton en prenant appui sur l’os et non dans la partie molle,
- il est possible de s’aider du pouce pour saisir le menton,
- ramener délicatement la tête en position neutre dans l’axe du corps, si nécessaire,
- basculer doucement la tête en arrière en appuyant légèrement sur le front tout en levant le menton.
- ouvrir la bouche de la victime avec la main qui tient le menton ;
- retirer les éventuels corps étrangers visibles à l’intérieur de la bouche de la victime avec la main qui était sur le front, y compris les prothèses dentaires décrochées, sans toucher à celles qui sont restées en place.
Chez le nouveau-né ou le nourrisson
La technique de libération des voies aériennes est identique à celle utilisée chez l’adulte et l’enfant, mais la bascule doit se limiter à ramener sa tête en position neutre.
Risques & Contraintes
La LVA chez toute victime ayant perdu connaissance, non suspecte d’un traumatisme, est un geste
salvateur qui nécessite cependant une réalisation avec précaution, afin d’éviter toute aggravation d’un traumatisme cervical méconnu.
Évaluation
La libération des voies aériennes est efficace si :
- la respiration de la victime peut s’effectuer normalement ;
- la ventilation artificielle permet un soulèvement de la poitrine, en présence d’une victime qui ne respire pas.
Indication
La libération des voies aériennes (LVA) par simple élévation du menton est réalisée chez toute victime ayant perdu connaissance, suspecte d’un traumatisme du rachis.
Justification
La perte de connaissance provoque une forte diminution du tonus musculaire qui entraîne, si la victime reste allongée sur le dos, une obstruction des voies aériennes par chute de la langue en arrière.
La LVA par élévation du menton seul peut être suffisante pour dégager la langue de la paroi postérieure du pharynx sans mobiliser le rachis cervical et permettre la libre circulation de l’air :
- pour apprécier sa ventilation lors du bilan d’urgence vitale ;
- pour faciliter sa ventilation ;
- pour réaliser une ventilation artificielle.
Chez le nourrisson, du fait de son anatomie, le mouvement doit se limiter à ramener la tête en position neutre afin de ne pas entraîner une obstruction des voies aériennes.
Matériel
Aucun matériel.
Réalisation
En même temps que l’on maintient la tête à deux mains :
- placer l’index ou le majeur de chaque main derrière l’angle de la mâchoire et sous les oreilles de la victime ;
- ouvrir la bouche avec les pouces placés sur le menton ;
- pousser vers l’avant la mâchoire inférieure ;
- maintenir cette position.
Risques & Contraintes
La LVA doit être réalisée avec précaution pour éviter toute aggravation d’un traumatisme du rachis cervical.
Évaluation
La libération des voies aériennes est efficace si la respiration de la victime peut s’effectuer normalement.
Indication
La mise en place d’une canule oropharyngée est indiquée si la victime présente un arrêt cardiaque et que le secouriste a des difficultés à maintenir les voies aériennes de la victime libres pour réaliser une ventilation artificielle à l’aide d’un masque et d’un insufflateur manuel.
Ceci se rencontre plus particulièrement avec certaines victimes (victime obèse, cou court) ou lors de RCP prolongée.
Justification
La mise en place d’une canule oropharyngée permet :
- d’éloigner la base de la langue de la paroi postérieure du pharynx lorsque la bascule de la tête en arrière et l’avancée de la mandibule ne suffisent pas à assurer la liberté des voies aériennes supérieures ;
- de faciliter le passage des gaz vers la trachée lors de l’insufflation.
Matériel
La canule est en plastique et comprend :
- une collerette qui se place au contact des lèvres de la victime et qui facilite son maintien en place ;
- une partie droite, courte et renforcée, qui vient entre les dents pour éviter un écrasement ;
- une partie courbe et longue qui épouse la forme de la base de la langue et vient se placer au-dessus et en arrière de celle-ci pour l’empêcher de s’affaisser sur la paroi postérieure du pharynx.
Il existe plusieurs tailles, essentiellement enfant, petit et grand adulte. La canule oropharyngée est à usage unique.
Réalisation
- maintenir la tête de la victime en arrière et élever le menton ;
Chez l’adulte
- choisir une canule adaptée à la victime ;
La canule doit avoir une taille égale à la distance entre les incisives de la victime et l’angle de la mandibule. - ouvrir la bouche de la victime avec une main et maintenir la mandibule vers l’avant ;
- introduire la canule dans la bouche de la victime, concavité vers le nez, jusqu’à ce que l’extrémité bute contre le palais ;
Il faut prendre soin de ne pas entraîner la langue en arrière. - effectuer une rotation de la canule de 180 ° tout en continuant de l’enfoncer doucement dans la bouche, jusqu’à ce que la collerette se trouve au contact des lèvres.
La canule maintenant la bouche ouverte, il est parfois nécessaire d’utiliser un masque d’insufflation d’une taille supérieure à celle utilisée avant la mise en place de celle-ci.
Chez l’enfant, le nourrisson ou le nouveau-né
- ouvrir la bouche de la victime avec une main et maintenir la mandibule vers l’avant ;
- introduire la canule dans la bouche de la victime, concavité vers le menton, en prenant soin de ne pas entraîner la langue en arrière ;
- enfoncer doucement la canule dans la bouche, jusqu’à ce que la collerette se trouve au contact des lèvres.
Risques & Contraintes
Une mise en force de la canule peut entraîner des lésions (plaies) de la bouche de la victime, dont le saignement provoque l’encombrement des voies aériennes.
Mise en place chez une victime qui n’est pas en arrêt cardiaque, elle peut être à l’origine de vomissements et d’inhalation de vomissures qui compromettent la survie de la victime.
N. B. La canule nasopharyngée est réservée uniquement à un usage médical ou paramédical.
Évaluation
La mise en place d’une canule oropharyngée est correcte si :
- la collerette arrive au contact des lèvres et y reste sans forcer ;
- la ventilation artificielle est facilitée après la pose.
Indication
Le pansement compressif est indiqué pour relayer une compression manuelle efficace, lorsque la localisation le permet.
Justification
La pose d’un pansement compressif permet de libérer le secouriste tout en maintenant une pression suffisante sur la plaie qui saigne pour arrêter l’hémorragie.
Matériel
Soit :
- un paquet de plusieurs compresses ou un pansement « américain » et une bande élastique adhésive ou autoagrippant ;
- un coussin hémostatique : pansement individuel comprenant un tampon de mousse, une compresse stérile et une bande élastique ;
- un pansement compressif d’urgence, qui contient dans le même emballage une bande élastique équipée d’un tampon de gaze, une languette de maintien (applicateur de pression) et un élément de fermeture en plastique.
L’élasticité de la bande est un élément important si l’on veut obtenir une pression suffisante pour maintenir l’arrêt du saignement.
Réalisation
En règle générale
- placer le pansement sur la plaie ;
Si une compression manuelle a déjà été réalisée, la substitution de celle-ci par le pansement compressif doit être la plus rapide possible.
- réaliser un bandage serré recouvrant complètement le pansement ; La pression doit être suffisante et éviter la reprise du saignement.
Dans le cas d’un pansement compressif d’urgence
- ouvrir l’emballage ;
- retirer le pansement de l’emballage sous vide ;
- appliquer la compresse sur la blessure et réaliser un tour ;
- passer le bandage élastique dans la languette de maintien en plastique (applicateur de pression) ;
- tendre le bandage élastique en le ramenant en sens inverse, en tirant la languette de maintien en plastique vers le bas ;
- enrouler le bandage en le serrant sur la compresse ;
- fixer l’élément de fermeture (languette) à une des couches du bandage élastique à l’aide des crochets.
Cas particuliers
Dans certaines localisations de plaie en zone « non garrotable », il est parfois possible de réaliser un pansement compressif en prenant appui sur un relief osseux opposé. Par exemple :
- cou avec contre-appui sur l’aisselle opposée ;
- aisselle avec contre-appui à la base du cou côté opposé ;
- fesse avec contre-appui sur le bassin ;
- pli inguinal avec contre-appui sur le bassin ;
- cuir chevelu avec contre- appui sur le menton.
Ces techniques sont particulièrement utiles en cas de nombreuses victimes où le secouriste ne peut pas rester fixé sur une seule victime.
Risques & Contraintes
Le pansement compressif peut être moins efficace qu’une compression manuelle. S’il est constaté une reprise du saignement au travers du pansement (suintement de sang) reprendre la compression manuelle par-dessus.
La compression doit être suffisante pour arrêter l’hémorragie. Si la victime se plaint d’une douleur importante à l’extrémité du membre ou si celle-ci devient froide, engourdie ou violacée (couleur du lit de l’ongle), demander un avis médical rapidement.
Certaines localisations ne permettent pas de comprimer suffisamment l’endroit qui saigne (cou, thorax, abdomen). Si l’on est dans l’impossibilité de réaliser ce pansement, la compression manuelle sera maintenue.
Évaluation
Le pansement compressif est efficace si le saignement est arrêté.
Indication
Ce pansement est adapté pour des hémorragies externes siégeant à la racine d’un membre (creux axillaire, pli de l’aine), au niveau des fesses, du tronc, du cou et de la tête, et ne permettant pas la mise en place d’un garrot lorsque la compression manuelle continue est inefficace ou impossible.
Justification
La mise en place d’une gaze imbibée de substance hémostatique permet, par sa présence et en déclenchant un processus d’hémostase (mécanismes d’arrêt du saignement du corps humain), une obstruction de la plaie et un arrêt du saignement.
Matériel
Ces pansements sont des bandes de tissu imbibées d’une substance chimique dont la propriété est de déclencher, au contact du sang, une réaction de coagulation localisée.
Elles sont pliées en rouleau ou en accordéon à l’intérieur de sachets stériles.
Réalisation
- ouvrir le sachet en le déchirant à partir de l’encoche prévue à cet effet ;
- retirer le pansement de son emballage ;
- faire pénétrer le pansement à l’intérieur de la plaie, au contact direct de la source du saignement ;
- exercer une pression pendant au minimum 3 min et jusqu’à l’arrêt du saignement.
Le saignement arrêté, réaliser la pose d’un pansement compressif pour maintenir en place la gaze imbibée de substance hémostatique et maintenir la pression.
Noter :
- le nombre de pansements hémostatiques utilisés ;
- l’heure de la pose et leurs localisations.
Une fois mis en place, NE JAMAIS RETIRER UNE GAZEIMBIBÉE DE SUBSTANCE HÉMOSTATIQUE DE LA PLAIE.
Risques & Contraintes
La mise en place d’une gaze imbibée de substance hémostatique ne présente pas de risque particulier si elle est réalisée dans les conditions décrites ci-dessus.
En présence de corps étrangers, la pose d’une gaze imbibée de substance hémostatique est contre- indiquée, car sa mise en place peut aggraver la lésion et le saignement par mobilisation ou déplacement du corps étranger.
Le saignement peut persister si le paquet de gaze n’est pas suffisant pour arrêter le saignement et boucher la plaie. Dans ce cas, rajouter par-dessus une autre gaze imbibée de substance hémostatique et comprimer à nouveau pendant 3 minutes au minimum.
Si vous ne pouvez comprimer vous-même la plaie pour maintenir la gaze (nombreuses victimes), demandez, si possible, à un témoin de réaliser cette compression.
Évaluation
La gaze imbibée de substance hémostatique est efficace si le saignement s’arrête et ne reprend pas.
Indication
L’utilisation du défibrillateur automatisé externe (DAE) est indiquée chez toute victime en arrêt cardiaque.
Justification
L’utilisation du DAE peut permettre une défibrillation précoce et améliorer de façon significative les chances de survie de la victime.
Matériel
Les DAE se distinguent en deux catégories :
- les défibrillateurs entièrement automatiques ;
- les défibrillateurs semi-automatiques.
Le DAE est un appareil qui permet :
- d’analyser l’activité électrique du cœur de la victime ;
- de reconnaître une anomalie grave du fonctionnement du cœur à l’origine de l’arrêt cardiaque ;
- de délivrer ou d’inviter à délivrer au travers du thorax de la victime, un choc électrique afin de synchroniser l’activité électrique cardiaque.
Le défibrillateur automatisé externe
Le DAE est un appareil qui reconnaît les rythmes devant être choqués et qui, alors, délivre ou demande de délivrer un choc.
Il est composé :
- d’un écran ou d’indicateurs d’état de fonctionnement ;
- d’un haut-parleur qui donne des messages sonores et guide le secouriste dans son action ;
- d’un accumulateur d’énergie qui permet de délivrer un ou plusieurs chocs électriques ;
- éventuellement d’un bouton qui permet de réaliser, à la demande de l’appareil, un choc électrique ;
- d’un module mémoire pour mémoriser les évènements essentiels (ECG de la victime, manipulations faites, heure, date et défibrillations réalisées) et éditer un rapport d’intervention ;
- d’électrodes de défibrillation à usage unique permettant de :
- capter et transmettre l’activité électrique cardiaque à l’analyseur du défibrillateur,
- délivrer le choc électrique s’il est indiqué.
Les électrodes sont autocollantes et recouvertes sur une face d’un gel qui facilite le passage du courant tout en diminuant le risque de brûlure. Deux paires d’électrodes doivent être à disposition avec le défibrillateur. Elles ne doivent jamais être pliées.
- de câbles de connexion pour relier les électrodes au DAE.
Suivant le modèle, le câble peut être préconnecté aux électrodes et à usage unique.
Certains défibrillateurs disposent d’électrodes différentes chez l’adulte et l’enfant ou le nourrisson.
Certains défibrillateurs sont munis de dispositifs d’aide et d’évaluation au massage cardiaque (métronome, profondimètre).
Les accessoires :
- une paire de ciseaux pour couper éventuellement les vêtements ;
- de quoi sécher la peau de la victime ;
- un rasoir jetable pour raser les poils du thorax si nécessaire.
Mise en œuvre
La mise en œuvre du DAE s’effectue en cinq étapes :
Mise en marche de l’appareil
- La mise en fonction de l’appareil est réalisée par l’ouverture du capot protecteur ou par pression sur le bouton marche/arrêt du défibrillateur.
Quelques secondes après sa mise en fonction, une voix guide l’opérateur dans les différentes étapes.
Connexion des électrodes
Le DAE demande de mettre en place les électrodes sur la poitrine de la victime. Pour cela :
- enlever ou couper si nécessaire les vêtements recouvrant la poitrine ;
- se munir des électrodes, enlever la pellicule de protection ;
- coller les électrodes sur la poitrine nue de la victime, conformément au schéma visible sur les électrodes ou sur leur emballage :
- chez l’adulte et l’enfant :
- une juste au-dessous de la clavicule droite, contre le bord droit du sternum,
- l’autre sur le côté gauche du thorax, 5 à 10 cm au-dessous de l’aisselle gauche.
- chez le nourrisson :
- une dans le dos, entre les deux omoplates,
- l’autre devant, au milieu du thorax.
- chez l’adulte et l’enfant :
- connecter le câble au défibrillateur, s’il n’est pas déjà préconnecté.
Les électrodes doivent adhérer correctement à la peau. Si la poitrine de la victime est humide, il faut sécher la poitrine avant de coller les électrodes. Si la poitrine de la victime est particulièrement velue, il est préférable de la raser à l’endroit où l’on pose les électrodes.
Analyse du rythme cardiaque
Le DAE lance l’analyse du rythme cardiaque. Pendant cette phase, certains appareils demandent de ne pas toucher ou bouger la victime. Dans ce cas :
- arrêter les manœuvres de réanimation ;
- cesser de toucher la victime.
L’analyse réalisée par le défibrillateur permet de reconnaître les rythmes cardiaques qui nécessitent un choc électrique. Si tel est le cas, le défibrillateur se prépare immédiatement à la délivrance d’un choc.
Délivrance du choc
Si le DAE annonce qu’un choc est indiqué, il faut alors :
- écouter et respecter les recommandations sonores ou visuelles de l’appareil ;
- s’écarter de la victime quand l’appareil le demande ;
- appuyer sur le bouton pour choquer, si l’appareil le demande ;
- reprendre les manœuvres de réanimation immédiatement après la délivrance du choc.
Arrêt de l’appareil
L’arrêt de l’appareil ne peut être réalisé qu’à la demande du médecin des services de secours.
Risques & Contraintes
Correctement utilisé, le DAE ne présente aucun risque pour le secouriste et augmente les chances de survie de la victime en AC.
Précautions particulières
- certains appareils utilisent des électrodes spécifiques pour l’enfant et le nourrisson ou demandent de préciser s’il s’agit d’un enfant et d’un nourrisson (interrupteur, clé, etc.). Cela permet à l’appareil de diminuer l’énergie délivrée au moment du choc. Si l’on ne dispose pas d’électrodes « enfant » spécifiques, utiliser les électrodes « adulte » ;
- la victime peut être porteuse d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur implantable dont le boîtier est situé sous la peau, le plus souvent sous la clavicule droite. Ce boîtier est reconnaissable par le secouriste, car il existe une cicatrice cutanée, une « bosse » sous la clavicule droite et une masse dure est perçue, à travers la peau. Afin de ne pas altérer le fonctionnement du défibrillateur et de ne pas diminuer l’efficacité du choc, coller l’électrode qui est normalement sous la clavicule droite à un travers de main du dispositif médical implantable ;
- délivrer un choc à une victime allongée sur une surface mouillée diminue son efficacité, car l’eau est conductrice de l’électricité. Il est préférable de dégager la victime et de l’installer sur une surface sèche ;
- le défibrillateur ne doit pas être utilisé en présence de matériel ou de gaz hautement inflammable (butane, vapeurs d’essence) ou explosif (panneau étiquette danger). Dans ce cas, il existe un risque élevé de survenue d’incendie ou d’explosion lors de la défibrillation. Il faut alors :
- dégager la victime du milieu toxique ou inflammable en urgence,
- poursuivre la procédure quand la victime se trouve en lieu sûr.
- si la victime est allongée sur une surface en métal ou qui conduit l’électricité (pont d’un bateau, terrasse en tôles métalliques, plaque d’égout), afin que le trajet du courant de défibrillation ne soit pas dévié vers le sol, il faut :
- dégager la victime de la surface métallique ou conductrice ou glisser sous elle un isolant,
- reprendre la procédure lorsque le contact est supprimé.
- la victime peut être porteuse d’un timbre médicamenteux autocollant (patch) qui permet la diffusion de médicament à travers la peau. Le choc peut être inefficace ou provoquer une brûlure de la victime si l’électrode de défibrillation est collée sur le timbre. Il faut donc :
- retirer le timbre,
- essuyer la zone avant de coller l’électrode.
Anomalies de fonctionnement
Il est possible qu’en cours d’utilisation, le défibrillateur présente des dysfonctionnements.
Les problèmes envisagés ici sont les plus courants, mais ne sont pas limitatifs, car ils dépendent souvent du type d’appareil utilisé. Il est fortement recommandé de se référer au chapitre « dysfonctionnements de
l’appareil » du guide d’utilisateur de l’appareil.
Dans tous les cas, la RCP ne doit pas être interrompue.
Le défibrillateur vous demande de connecter les électrodes lorsque :
- la connexion au défibrillateur est inadéquate ;
- les électrodes n’adhèrent pas correctement à la peau de la victime ;
- les électrodes sont sèches, endommagées ou la date d’expiration est passée. Dans ce cas, il convient :
- de poursuivre la RCP ;
- de vérifier les connexions ;
- d’appuyer fermement sur les électrodes pour améliorer le contact ;
- de nettoyer, raser et sécher la peau de la victime avant de remplacer les électrodes, si les opérations précédentes n’étaient pas suffisantes.
Le défibrillateur détecte un mouvement pendant l’analyse. Ce mouvement peut provenir :
- de mouvements de la victime ;
- d’inspirations agoniques ;
- d’interférences électriques ;
- des mouvements du véhicule. Dans ce cas, il convient :
- d’arrêter toute RCP pendant l’analyse et de s’assurer que personne ne touche la victime ;
- d’arrêter la mobilisation de la victime ;
- de s’assurer que la victime est immobile ;
La charge du défibrillateur, avant la délivrance du choc électrique, s’interrompt si :
- une électrode se déconnecte de la victime ;
- le câble des électrodes se déconnecte du défibrillateur ;
- la pression sur le bouton de délivrance du choc n’a pas été suffisamment précoce après que l’appareil l’ait demandé ;
- l’état de la victime change et le rythme cardiaque ne nécessite plus un choc électrique. Dans ce cas, il convient :
- de vérifier les électrodes, les connexions du câble et l’état de la victime.
Consignes d’entretien
Le DAE doit toujours être en bon état de marche, vérifié et immédiatement disponible. Il doit être installé dans un endroit accessible avec l’ensemble de ses accessoires.
Des vérifications périodiques du DAE permettent de s’assurer de son bon état de fonctionnement. Un signal lumineux ou une alerte sonore indique tout dysfonctionnement.
Avant chaque utilisation, il convient de vérifier que :
- la batterie est insérée dans l’appareil (ne pas la retirer sauf si l’appareil le demande) ;
- le défibrillateur n’indique pas la présence d’un dysfonctionnement (absence de témoin d’alerte) ;
- l’appareil ne présente aucun dommage externe ;
- les électrodes ne sont pas arrivées à péremption ;
- tous les accessoires nécessaires à la réalisation de la défibrillation accompagnent l’appareil.
Après chaque utilisation, le DAE doit être remis en état, nettoyé et vérifié en respectant les recommandations du fabricant.
Si une procédure de récupération des données internes enregistrées par l’appareil est en vigueur, la mettre en œuvre.
Les batteries du défibrillateur sont remplacées lorsque l’appareil l’indique ou s’il s’éteint ou ne s’allume pas.
En aucun cas il ne faut modifier la configuration et les réglages internes de l’appareil.
Si l’utilisation de l’appareil devient impossible ou en cas d’anomalie constatée, il est indispensable de mettre le défibrillateur hors service et de prévenir le responsable de l’appareil.
Évaluation
Correctement utilisé, le DAE permet de délivrer un choc électrique externe à toute personne en arrêt cardiaque par fonctionnement anarchique du cœur.
Indication
La ventilation artificielle est nécessaire, après libération des voies aériennes, en présence d’une victime :
- en arrêt respiratoire ;
- présentant une respiration agonique et dont la fréquence respiratoire est inférieure ou égale à six mouvements par minute.
Justification
La ventilation artificielle par une méthode orale permet d’apporter de l’air aux poumons d’une victime en l’absence de matériel de ventilation artificielle.
Ces méthodes orales permettent au secouriste d’insuffler directement à la victime l’air qu’il expire et dont la part résiduelle d’oxygène est suffisante pour assurer l’efficacité de la technique.
Si l’arrêt de la respiration vient de se produire, cette technique peut favoriser la reprise de la respiration.
Matériel
Aucun matériel.
Réalisation
La victime est préalablement installée en position horizontale et sur le dos.
Chez l’adulte ou l’enfant
- basculer la tête de la victime en arrière comme pour la technique de libération des voies aériennes ;
- pincer le nez de la victime entre le pouce et l’index, tout en maintenant la bascule en arrière de la tête avec la main qui est placée sur le front ;
- ouvrir légèrement la bouche de la victime en utilisant l’autre main et maintenir le menton élevé ;
- inspirer, sans excès ;
- appliquer la bouche largement ouverte autour de la bouche de la victime en appuyant fermement ;
- insuffler progressivement jusqu’à ce que la poitrine de la victime commence à se soulever (durant une seconde environ) ;
- se redresser légèrement, tout en maintenant la tête de la victime en arrière, afin de :
- reprendre son souffle,
- vérifier l’affaissement de la poitrine de la victime (expiration passive),
- insuffler une deuxième fois dans les mêmes conditions.
La durée de réalisation de ces deux insufflations successives ne doit pas excéder cinq secondes. Si le ventre ou la poitrine de la victime ne se soulève pas lors des insufflations :
- s’assurer que la tête de la victime est en bonne position et que son menton est élevé ;
- s’assurer qu’il n’y a pas de fuite d’air lors de l’insufflation ;
- rechercher la présence d’un corps étranger dans la bouche. Le retirer avec les doigts, s’il est accessible.
Chez le nourrisson ou le nouveau-né
La technique est sensiblement la même que pour l’adulte ou l’enfant. Toutefois, il convient de :
- placer la tête du nourrisson en position neutre, menton élevé ;
- entourer sa bouche autour de la bouche et du nez de la victime ;
- insuffler progressivement jusqu’à ce que la poitrine du nourrisson commence à se soulever (durant 1 seconde environ) ;
- se redresser légèrement, tout en maintenant la tête en position neutre, afin de :
- vérifier l’affaissement de la poitrine,
- insuffler une seconde fois dans les mêmes conditions.
Risques & Contraintes
Une insufflation trop rapide ou d’un volume d’air trop important peut entraîner un passage de l’air dans l’estomac et secondairement une régurgitation de son contenu. Ceci est plus fréquent chez l’enfant et le nouveau-né qui ont besoin de volumes d’air beaucoup moins importants que l’adulte.
Une régurgitation de liquide de l’estomac dans les voies aériennes de la victime entraîne un encombrement de celles-ci et compromet les manœuvres de réanimation et la survie de la victime.
Évaluation
L’efficacité de la technique est jugée sur l’obtention d’un début de soulèvement de la poitrine de la victime, lors de chaque insufflation.