Indication
La ventilation artificielle est nécessaire, après libération des voies aériennes, en présence d’une victime :
- en arrêt respiratoire ;
- présentant une respiration agonique et dont la fréquence respiratoire est inférieure ou égale à six mouvements par minute.
Justification
La ventilation artificielle par un insufflateur manuel permet d’apporter de l’air, éventuellement enrichi en oxygène, aux poumons d’une victime.
Matériel
- insufflateur manuel à ballon autoremplisseur ;
- masque d’insufflation.
Description du matériel
L’insufflateur manuel se compose :
- d’un ballon autoremplisseur souple, élastique, qui reprend automatiquement sa forme quand on cesse d’appuyer dessus ;
Il existe plusieurs modèles, en fonction du volume du ballon :
-
- adulte (> 25 KG) : 1400 à 2000 ml
- pédiatrique (> 2,5 KG et < 25 KG): 400 à 500 ml,
- prématuré (< 2,5 KG) : 200 à 250 ml. Ce modèle est inefficace pour la réanimation du nouveau- né à la naissance ou le nourrisson. Il est exclusivement réservé au prématuré.
- d’une valve d’admission d’air ou d’oxygène, qui empêche le retour du gaz contenu dans le ballon vers l’extérieur ;
- d’un ballon réserve destiné à accumuler l’oxygène pendant l’insufflation ;
- d’une valve séparatrice des gaz insufflés et des gaz expirés, contenue dans une pièce en « T » ; Elle oriente :
- les gaz frais du ballon vers la victime quand le secouriste appuie sur le ballon,
- les gaz expirés par la victime vers l’extérieur quand le secouriste relâche le ballon.
- d’un dispositif de raccordement à la victime (masque ou sonde d’intubation).
Les insufflateurs manuels prématurés et pédiatriques sont munis d’une valve de surpression préréglée à 35-40 mmHg, afin d’éviter à des poumons normaux d’être lésés par des pressions excessives.
Le masque facial est destiné à recouvrir la bouche et le nez de la victime sans appuyer sur les yeux. De
forme anatomique (triangulaire) chez l’adulte et l’enfant, ou circulaire chez le nourrisson, il est équipé d’un bourrelet en plastique mou, en silicone ou gonflable, destiné à assurer l’étanchéité entre le masque et la
face de la victime. L’orifice supérieur permet de raccorder le masque à la pièce en « T ».
Il faut préférer des masques translucides, car ils permettent de voir rapidement les sécrétions ou vomissements et d’observer la coloration des lèvres de la victime.
Il existe trois à sept tailles de masque allant de l’adulte au prématuré.
En l’absence d’utilisation de matériel à usage unique, il faut mettre en place un filtre antibactérien entre la pièce séparatrice des gaz et le masque.
Réalisation
- choisir un ballon insufflateur et un masque adapté à la victime et les connecter entre eux par l’intermédiaire de la pièce en « T » ;
- se placer à la tête de la victime.
À un secouriste
- d’une main, assurer la libération des voies aériennes ;
- saisir de l’autre main l’ensemble ballon/masque ;
- placer le masque sur le nez de la victime, en appliquant le sommet du triangle sur la racine du nez ;
- rabattre la base du masque vers le menton pour appliquer son pourtour sur le visage de la victime ;
- appliquer le masque selon la technique de pince C-E, pour cela :
- placer le pouce de la main sur le masque, au-dessus du nez de la victime,
- et placer l’index sur la base du masque, au-dessus de la lèvre inférieure de la victime (le pouce et l’index forment un ainsi C),
- placer les autres doigts (3ème, 4ème et 5ème doigts) en crochet sous le menton et le tirer vers le haut pour l’appliquer contre le masque et maintenir les VA de la victime libres (le pouce, l’index et les autres doigts forment ainsi un E),
- exercer une pression vers le bas avec le pouce et l’index et vers le haut avec les autres doigts.
- Le maintien de la tête en arrière (position neutre pour le nourrisson) est réalisé par le mouvement du poignet de la main qui tient le masque.
Cette saisie du masque et du menton sous forme de « pince » par la main du secouriste est l’élément essentiel qui permet d’assurer l’étanchéité du masque sur le visage de la victime tout en maintenant les VA libres.
- empaumer le ballon dans la partie centrale avec l’autre main ;
- comprimer le ballon progressivement, durant une seconde environ, jusqu’au début du soulèvement du thorax (la pression à exercer est variable selon la victime) ;
- relâcher le ballon, dès que la poitrine se soulève, tout en continuant de maintenir le masque.
- La poitrine de la victime s’abaisse alors que l’air sort de ses poumons.
Recommencer le cycle d’insufflations afin d’obtenir une ventilation artificielle efficace.
À deux secouristes
Cette technique, dont un secouriste maintient les voies aériennes ouvertes et le masque alors que l’autre comprime le ballon, améliore l’étanchéité du masque.
Préalablement :
- s’assurer de la bascule de la tête de la victime en arrière, menton tiré vers le haut.
Dans un premier temps, le secouriste 1 s’assure de la mise en place du masque et de son maintien à deux mains. Pour cela, il doit :
- placer le masque sur le nez de la victime, en appliquant le sommet du triangle sur la racine du nez ;
- rabattre le masque vers le menton pour appliquer son pourtour sur le visage de la victime ;
- appliquer le masque (technique de pince C-E) avec une main ;
- placer l’autre main de façon symétrique à la première ;
- exercer une pression, vers le bas avec les pouces et vers le haut avec les autres doigts ;
- s’assurer de la bascule de la tête en arrière (position neutre pour le nourrisson). Dans un second temps, le secouriste 2 pratique les insufflations. Pour cela il doit :
- empaumer le ballon dans la partie centrale d’une seule main ;
- comprimer le ballon progressivement, avec une seule main et durant une seconde environ, jusqu’au soulèvement du thorax (la pression à exercer est variable selon la victime) ;
- relâcher le ballon, dès que la poitrine se soulève.
La poitrine de la victime s’abaisse alors que l’air sort de ses poumons.
Ensuite, recommencer le cycle d’insufflations afin d’obtenir une ventilation artificielle efficace. Si, durant la ventilation artificielle, la victime présente un vomissement, il faut :
- interrompre immédiatement la ventilation ;
- tourner la victime sur le côté ;
- dégager aux doigts les débris alimentaires solides et volumineux ;
- aspirer les liquides de la bouche de la victime, si un aspirateur de mucosités est disponible ;
- remettre la victime sur le dos ;
- reprendre la ventilation artificielle.
Par l’intermédiaire d’une sonde d’intubation ou d’un dispositif supra- glottique
Le secouriste peut être amené à ventiler une victime à l’aide d’un insufflateur manuel directement relié à une sonde d’intubation ou un dispositif supra-glottique.
Pour cela, il veille à ne pas mobiliser la sonde ou le dispositif lors des insufflations et respecte les consignes données.
Risques & Contraintes
Une insufflation trop rapide ou un volume d’air trop important peut entraîner un passage de l’air dans
l’estomac et secondairement une régurgitation de son contenu. Ceci est plus fréquent chez l’enfant et le nouveau-né qui ont besoin de volumes d’air moins importants que l’adulte.
Une régurgitation de liquide de l’estomac dans les voies aériennes de la victime entraîne un encombrement de celles-ci, compromet les manœuvres de réanimation et la survie de la victime.
Les conditions d’entretien et de stockage des matériels doivent être conformes aux préconisations du fabricant.
Évaluation
L’efficacité de la technique est jugée sur l’obtention d’un début de soulèvement de la poitrine de la victime,
lors de chaque insufflation et l’absence de fuite d’air au niveau du masque.
Indication
Cette technique est indiquée après avis médical chez toute victime qui a perdu connaissance, respire normalement et est suspecte de traumatisme.
Justification
La position latérale de sécurité (PLS) maintient libres les voies aériennes supérieures de la victime en permettant l’écoulement des liquides vers l’extérieur et évite que la langue ne chute dans le fond de la gorge.
Sa réalisation à deux secouristes limite les mouvements du rachis cervical et diminue le risque de complications secondaires ou de séquelles.
Matériel
- collier cervical si indiqué ;
- coussin de tête.
Réalisation
L’installation en PLS est réalisée après avoir mis en place un collier cervical si indiqué. La manœuvre est commandée par le secouriste placé à la tête (secouriste 1).
La technique se réalise en trois temps :
Préparer le retournement de la victime. Pour cela :
Le secouriste 1, placé dans l’axe de la victime, derrière la tête, doit
- maintenir à deux mains la tête de la victime, jusqu’à la réalisation du retournement ;
le secouriste 2 doit :
- préparer le coussin de tête qui servira au calage après la mise en PLS,
- retirer les lunettes de la victime si elle en porte,
- rapprocher délicatement les membres inférieurs de l’axe du corps,
- placer le bras de la victime, situé du côté du retournement, à angle droit de son corps,
- plier le coude de ce même bras en gardant la paume de la main de la victime tournée vers le haut,
- saisir l’avant-bras opposé de la victime, et amener le dos de la main de la victime sur son oreille, côté retournement, sous la main du 1er secouriste,
- Le secouriste 1 maintient la main pressée contre l’oreille de la victime paume contre paume.
- se placer à genoux ou en trépied à côté de la victime, assez loin d’elle pour pouvoir la tourner sur le côté sans avoir à se reculer,
- saisir la hanche de la victime d’une main et l’épaule de l’autre, du côté opposé au retournement.
Tourner la victime. Pour cela :
Secouriste 1 : « Êtes-vous prêt ? » Secouriste 2 : « Prêt ! »
Secouriste 1 : « Attention pour tourner… Tournez ! » le secouriste 2 doit
tirer en même temps sur la hanche et l’épaule de la victime, bras tendus, afin de la faire rouler d’un bloc et de l’amener sur son côté ;
le secouriste 1 doit,
- dans le même temps maintenir la tête et la main de la victime entre ses mains et accompagner le mouvement en évitant toute torsion du cou.
Le retournement de la victime doit être réalisé sans brusquerie, en un seul temps. Le maintien de la main et de la tête de la victime vise à conserver l’axe de la colonne cervicale durant toute la manœuvre et évite ainsi toute aggravation d’un traumatisme.
En cas de difficultés pour le secouriste 2 (victime obèse ou force insuffisante du secouriste), il peut faciliter le retournement en tirant sur le genou fléchi de la victime du côté opposé au retournement comme dans la PLS à un secouriste1, l’autre main tirant sur l’épaule.
- Stabiliser la victime. Pour cela :
Le secouriste 1 doit poursuivre le maintien de la tête ; le secouriste 2 doit :
- saisir la hanche de la victime avec la main qui tient l’épaule,
- fléchir, avec la main qui tenait la hanche, la hanche et le genou de la victime situés vers le haut pour les amener à angle droit2,
- placer un coussin ou un autre dispositif sous la tête de la victime pour compenser l’espace qui existe entre la tête de la victime et le sol et ainsi la soutenir dans l’axe du tronc,
- Ce coussin peut être placé avant le retournement contre la tête de la victime du côté de celui-ci.
- vérifier que la bouche de la victime est ouverte3.
Après la mise en PLS, le secouriste 1 poursuit la stabilisation de la tête, dans la mesure du possible.
Si la victime présente une lésion thoracique, du membre supérieur ou du membre inférieur, elle est couchée, autant que possible, sur le côté atteint.
Risques & Contraintes
Cette technique peut aggraver une éventuelle lésion traumatique, notamment du rachis ou du bassin. C’est pourquoi, une victime traumatisée ayant perdu connaissance et qui respire normalement ne sera mise en
PLS qu’après avis médical.
La mise en PLS rend difficile la surveillance de la ventilation d’une victime.
Évaluation
Une fois mise en PLS, la victime se trouve dans une position stable, la plus latérale possible.
En position sur le côté, les voies aériennes et les mouvements de la respiration doivent pouvoir être contrôlés, l’écoulement des sécrétions vers l’extérieur est favorisé.
- La saisie de la jambe de la victime au niveau du genou permet de l’utiliser comme « bras de levier » pour le retournement
- La saisie de la jambe de la victime au niveau du genou permet de l’utiliser comme « bras de levier » pour le retournement.
- L’ouverture de la bouche de la victime facilite l’écoulement des liquides vers l’extérieur.
Indication
Cette technique est indiquée chez toute personne qui présente une perte de connaissance, qui respire normalement et qui n’est pas suspecte d’un traumatisme.
Justification
La position latérale de sécurité (PLS) maintient libres les voies aériennes supérieures de la victime en permettant l’écoulement des liquides vers l’extérieur et évite que la langue ne chute dans le fond de la gorge.
Matériel
Aucun matériel
Réalisation
Chez l’adulte ou l’enfant
La technique se réalise en trois temps :
- Préparer le retournement de la victime. Pour cela :
- retirer les lunettes de la victime si elle en porte,
- rapprocher délicatement les membres inférieurs de l’axe du corps,
- placer le bras de la victime, situé du côté secouriste, à angle droit de son corps,
- plier le coude de ce même bras en gardant la paume de la main de la victime tournée vers le haut,
- saisir le bras opposé de la victime, et amener le dos de la main de la victime sur son oreille, côté secouriste1,
- maintenir le dos de la main de la victime pressée contre son oreille, paume contre paume2,
- attraper la jambe opposée de la victime, avec l’autre main, juste derrière le genou3,
- relever la jambe de la victime, tout en gardant le pied au sol,
- se placer à genoux ou en trépied à côté de la victime assez loin d’elle pour pouvoir la tourner sur le côté sans avoir à se reculer.
- Tourner la victime. Pour cela :
- tirer sur la jambe relevée de la victime afin de la faire pivoter vers le secouriste, jusqu’à ce que le genou touche le sol, sans brusquerie et en un seul temps ;
- dégager doucement la main du secouriste située sous la tête de la victime, tout en préservant la bascule de la tête en arrière, en maintenant le coude de la victime à l’aide de la main du secouriste précédemment située au genou.
1 Lors de la rotation, le maintien de la main de la victime contre son oreille permet d’accompagner le mouvement de la tête et de diminuer la flexion de la colonne cervicale qui pourrait aggraver un traumatisme éventuel.
2 Le maintien de la main contre l’oreille de la victime limite les mouvements de la colonne cervicale.
3 La saisie de la jambe de la victime au niveau du genou permet de l’utiliser comme « bras de levier » pour le retournement.
- Assurer la stabilité de la position de la victime. Pour cela :
- ajuster la jambe de la victime située au-dessus de telle sorte que la hanche et le genou soient à angle droit1 ;
- ouvrir la bouche de la victime sans mobiliser la tête2.
Chez le nourrisson
Placer le nourrisson sur le côté, dans les bras du secouriste le plus souvent.
Risques & Contraintes
La mise en PLS rend difficile la surveillance de la ventilation d’une victime.
Évaluation
Une fois mise en PLS, la victime se trouve dans une position stable, la plus latérale possible.
En position sur le côté, les voies aériennes et les mouvements de la respiration doivent pouvoir être contrôlés, l’écoulement des sécrétions vers l’extérieur est favorisé.
1 La position de la jambe permet de stabiliser la PLS.
2 L’ouverture de la bouche de la victime facilite l’écoulement des liquides vers l’extérieur.
Indication
L’inhalation d’oxygène est un enrichissement en oxygène de l’air inspiré par une victime qui respire (fréquence respiratoire > 6 mouvements par minute).
L’inhalation d’oxygène est nécessaire chez toute victime qui présente :
- une détresse respiratoire ou circulatoire ;
- une intoxication aux fumées d’incendie ou au monoxyde de carbone ;
- un accident lié à la plongée ;
- une mesure de la SpO2 qui indique une valeur < 94 % ;
- une mesure de la SpO2 qui indique une valeur < 89 % chez l’insuffisant respiratoire chronique avec ou sans oxygène à domicile ;
- une crise douloureuse chez une victime qui présente des antécédents de drépanocytose.
Si les circonstances ne permettent pas de prendre la mesure de la SpO2 (extrémités froides, panne de l’appareil, etc.), l’inhalation d’oxygène est systématique si la victime présente une détresse vitale, dans l’attente d’un avis médical.
Justification
L’inhalation d’oxygène a pour objet d’augmenter la quantité d’oxygène, notamment au niveau du cerveau.
Matériel
Un appareil de mesure de la SpO2 doit toujours être à disposition du secouriste chaque fois qu’il a les moyens d’administrer de l’oxygène.
- bouteille d’oxygène ;
- appareil de mesure de la SpO2 ;
- dispositif d’administration d’oxygène par inhalation.
Il existe plusieurs dispositifs qui permettent d’administrer de l’oxygène en inhalation :
-
- masque à inhalation à « haute concentration » (MHC)1;
La concentration en oxygène de l’air qui est délivré est variable en fonction de la forme du masque et de la qualité de la ventilation de la victime.
Le MHC est muni d’un réservoir d’oxygène situé au-dessous d’une valve antiretour qui empêche la victime de rejeter l’air expiré dans ce réservoir. Il existe des modèles « adultes » et des modèles « enfants ».
Le MHC doit être utilisé pour toute administration d’O2 qui nécessite de fortes concentrations, c’est-à-dire pour maintenir une SpO2 entre 94 et 98 %. Il ne doit pas être utilisé en dessous de 6 l/min.
-
- masque simple2 ;
Il est encore appelé masque à moyenne concentration.
La concentration d’oxygène administré aux victimes est variable et dépend plus particulièrement du débit en O2 et de la ventilation de la victime.
1 Le MHC délivre un air dont la concentration en O2 est comprise entre 60 et 90 % lorsque le débit d’admission est de 8 à 15 l/min.
2 Le MS délivre un air dont la concentration en O2 est comprise entre 40 et 60 % lorsque le débit d’admission est de 5 à 10 l/min.
Un débit < 5 l/min peut entraîner une augmentation de la résistance à l’inspiration et il peut y avoir une mauvaise évacuation du CO2 contenu dans le masque. Cette mauvaise évacuation est à l’origine d’un phénomène de réinhalation de l’air expiré (re-breathing).
- lunettes à oxygène ;
Les lunettes à O2 sont en PVC, souple, non stérile et à usage unique. Elles possèdent :
-
- une tubulure étoilée anti-écrasement,
- un système de fixation qui passe derrière les oreilles de la victime et qui est en avant, de forme légèrement courbée, adapté à l’anatomie du visage,
- un embout nasal fin et souple,
- une languette flexible qui permet de stabiliser la lunette sur la lèvre supérieure de la victime.
L’utilisation des lunettes à O2 par le secouriste est adaptée pour des victimes qui nécessitent une administration d’O2 à des concentrations basses ou modérées.
Elle est plus particulièrement indiquée pour l’aggravation d’une insuffisance respiratoire chronique afin de maintenir une SpO2 entre 89 et 94 %.
Son utilisation doit faire l’objet si possible d’un avis médical.
- masque pour laryngectomisé.
Le masque pour laryngectomisé permet l’administration d’O2 par un tube de trachéotomie ou pour les victimes qui ont eu une laryngectomie (la victime respire habituellement par un orifice situé à la base du cou).
Le débit d’oxygène doit être adapté à la saturation que l’on désire obtenir. L’administration d’O2
par cette voie doit être limitée dans le temps, car une humidification de l’air est nécessaire.
Lors de l’administration d’O2 chez une victime laryngectomisée, il est souvent nécessaire de réaliser une aspiration des sécrétions présentes pour améliorer la liberté des voies aériennes.
Le masque à valves Venturi est un autre moyen d’administration d’oxygène, mais il n’est pas adapté à la prise en charge des victimes par le secouriste.
Les dispositifs d’inhalation mis à disposition du secouriste relèvent de son autorité médicale d’emploi.
Les insufflateurs manuels équipés ou non de ballon-réserve ne doivent pas être utilisés comme moyen d’inhalation, car ils augmentent la résistance à l’inspiration et peuvent aggraver une détresse respiratoire, particulièrement chez l’enfant.
Réalisation
- ouvrir la bouteille d’oxygène ;
- relier le tuyau d’oxygène du masque au dispositif de sortie d’oxygène de la bouteille ;
- chez une victime en détresse vitale, toujours utiliser d’emblée le MHC ;
- régler le débit initial selon le tableau 15 ;
- En cas d’utilisation d’un MHC, remplir le ballon réserve en obturant la valve du masque avec les doigts.
- mettre le dispositif d’administration d’O2 en place ;
- ajuster le débit d’oxygène en fonction des objectifs de saturation visés (cf. tableau 16) ;
- assurer la surveillance de la victime.
Cas particuliers
- intoxication aux fumées d’incendie, intoxication au monoxyde de carbone, accident de décompression :
- inhalation d’O2 avec un MHC et à un débit de 15 l/min, quel que soit le niveau de SpO2.
- victime en détresse, lorsque la mesure de la SpO2 est impossible (absence de pouls périphérique lors d’une détresse circulatoire ou en cas d’hypothermie) :
- inhalation d’O2 avec un MHC et à un débit de 15 l/min quels que soient les antécédents de la victime dans l’attente d’un avis médical.
Tableau 15: Débits d’oxygène en fonction du dispositif d’inhalation d’O²
MHC (ADULTE ET ENFANT) |
Masque simple (ADULTE ET ENFANT) |
Lunettes a O2 |
|
Plages de debit d’utilisation |
9 à 15 l/min |
6 à 9 l/min |
1 à 6 l/min |
Debit initial |
15 l/min |
9 l/min |
2 l/min ou 1 ou 2 l/min de plus que son débit habituel |
Tableau 16 : Objectifs de saturation
SpO2 de 94 à 98 % chez l’adulte, l’enfant et le nourrisson
SpO2 de 89 à 94 % chez l’insuffisant respiratoire chronique
Risques & Contraintes
L’administration d’oxygène peut être dangereuse chez la victime qui présente une insuffisance respiratoire chronique avancée. De même, l’hyperoxie peut être néfaste chez la victime qui présente un AVC ou une maladie cardiaque alors que le taux d’oxygène dans le sang est normal.
Au total, il faut lutter contre l’hypoxie, sans entraîner une hyperoxie.
Pour cela, chaque fois que possible, il faut adapter l’administration d’oxygène à la mesure de la SpO2 tout en respectant les indications et contre-indications de cette administration.
L’administration d’oxygène à l’aide de lunettes sans humidification peut entraîner une irritation nasale pour des débits > 4 l/min.
Évaluation
Un enrichissement en oxygène de l’air inspiré par la victime vise à obtenir une amélioration de l’état de la victime et à atteindre les objectifs de saturation attendus.
Indication
L’oxygène en bouteille est un médicament pouvant, sous certaines conditions, être administré à une victime. Il peut être utilisé :
- en inhalation pour enrichir l’air en oxygène ;
- en insufflation ;
- pour faire fonctionner un respirateur médical ou tout autre dispositif médical.
Justification
L’oxygène, dans les conditions normales de pression et de température, est un gaz ; il est donc compressible. Cette propriété permet de le comprimer afin de le stocker et de le transporter, au moyen de récipients spéciaux (les bouteilles), sous un faible encombrement.
Pour être administré à une victime, l’oxygène comprimé doit être détendu et ramené à la pression atmosphérique ambiante à l’aide d’un dispositif fixé sur la bouteille, appelé détendeur.
Le débit d’oxygène (exprimé en litre par minute ou l/min) administré à la victime est réglé à l’aide d’un appareil, appelé débitmètre.
Matériel
La bouteille d’oxygène
Les bouteilles peuvent être de différents volumes : 2, 5, 11 et 15 litres et contiennent respectivement,
lorsqu’elles sont pleines, sous une pression de 200 bar, et après détente à pression atmosphérique, environ 0.4, 1, 2.2 et 3 m3 d’oxygène.
En France, les bouteilles sont blanches, en aluminium recouvert de matière composite, légères, équipées d’une poignée de transport, d’un chapeau inamovible dans lequel est logé un détenteur-débitmètre intégré.
Plusieurs informations sont gravées sur la bouteille, en particulier, la date de la dernière vérification, la pression maximale d’utilisation et son volume en eau.
Le détendeur-débitmètre intégré
Le détenteur-débitmètre intégré est composé :
- d’un manomètre haute pression, avec des plages colorées, qui indique la pression régnant à l’intérieur de la bouteille ou d’un affichage sur écran LCD de l’autonomie en temps de la bouteille en fonction du débit choisi (la pression résiduelle n’apparaît que sous forme d’une jauge graduée par ¼ avec alarmes sonores) ;
- d’une sécurité active, sous forme d’un volet, empêchant tout branchement intempestif sur la bouteille lorsque celle-ci est en position fermée ;
- d’un raccord de sortie (olive), qui permet de brancher un tuyau afin d’alimenter un masque à inhalation ou un ballon-réserve en oxygène d’un insufflateur ;
- d’une prise normalisée à trois crans afin d’alimenter un respirateur ou un réseau de distribution d’oxygène interne au véhicule de secours ;
- d’un robinet d’ouverture de la bouteille ;
- d’un robinet permettant de régler le débit d’utilisation par palier, sur une plage de 0 à 15 l/min ;
- d’une soupape de sécurité tarée à 200 bars ;
- d’un raccord de remplissage spécifique, pour le conditionnement chez le fournisseur.
Étiquettes et accessoires
La bouteille d’oxygène est fournie avec :
- une étiquette identifiant le nom du laboratoire fournisseur ;
- une notice « produit » ;
- une étiquette indiquant le numéro du lot d’oxygène et sa date limite d’utilisation ;
- un panneau étiquette « danger », collé sur la bouteille, rappelant les risques liés à son utilisation et les principales mesures à respecter.
L’autonomie
L’autonomie de la bouteille dépend de :
- la quantité d’oxygène disponible, déterminée par la pression qui règne à l’intérieur de la bouteille et par le volume en eau de la bouteille ;
- la consommation en oxygène, c’est-à-dire du débit administré à la victime.
La quantité d’oxygène (exprimée en litre) est le produit de la pression (exprimée en bar) par le volume en eau de la bouteille (exprimé en litre).
Consignes de conservation, de stockage et de transport
Les bouteilles doivent être protégées des intempéries, des sources de chaleur (température supérieure ou égale à 50 °C) et conservées dans un local aéré ou ventilé, propre et sans matières inflammables.
Les bouteilles pleines et les bouteilles vides doivent être conservées séparément.
Les bouteilles conservées ou transportées doivent être solidement arrimées et installées dans un emplacement permettant de les protéger des chutes et des chocs.
Les bouteilles doivent être maintenues en position verticale, robinet fermé. Les bouteilles doivent être déplacées sans être traînées ou roulées sur le sol. Les bouteilles ne doivent pas être soulevées par leur robinet.
Les bouteilles ne doivent jamais être graissées ou lubrifiées ni enduites de corps gras.
Il ne faut jamais utiliser de flacons pressurisés (laque, désodorisant…), de solvant (alcool, essence…) ou de produits corrosifs pour nettoyer les bouteilles.
Consignes de manipulation et d’utilisation
Le bon état du matériel, la présence d’oxygène dans la bouteille, la date limite d’utilisation ainsi que l’intégrité des étiquetages doivent être vérifiés lors de la prise de fonction.
Toute manipulation doit se faire avec des mains propres, exemptes de graisse. Les tuyaux de raccordement utilisés doivent être spécifiques à l’oxygène.
Le visage de la victime, comme le dispositif d’administration (masque), ne doivent pas être enduits de corps gras.
La bouteille ne doit pas être ouverte lorsqu’elle est en position couchée.
La bouteille ne doit pas être ouverte à proximité de matières inflammables, pour éviter le risque de propagation d’incendie.
L’ouverture de la bouteille doit être réalisée lentement.
Il ne faut jamais procéder à plusieurs mises en pression successives et rapprochées.
Le débitmètre ne doit jamais être ouvert avant le robinet (il doit être réglé à 0 l/min au préalable). La sortie du robinet de la bouteille ne doit jamais se trouver dirigée face à l’intervenant ou la victime. Ils doivent toujours être du côté opposé au détendeur, derrière la bouteille et en retrait.
Une bouteille présentant un défaut d’étanchéité ne doit jamais être utilisée. En cas de fuite, fermer le robinet.
Une flamme, une source de chaleur supérieure à 50 °C ou un appareil générant des étincelles ne doivent jamais être approchés.
Il faut immédiatement, autant que possible, refermer le robinet de la bouteille en cas de phénomène anormal (étincelles, crépitements).
Toute bouteille ayant chuté ou présentant une anomalie (chapeau mal fixé) ou une défaillance (robinet bloqué, manomètre défectueux…) ne doit plus être utilisée. Elle doit, quelle que soit sa pression résiduelle, être rapportée au responsable chargé de l’oxygène.
Risques & Contraintes
L’oxygène est un comburant qui entretient et active la combustion. Il peut également entraîner
l’inflammation des corps gras, des poussières ou de tous objets inflammables installés à proximité.
Évaluation
En cas de doute, vérifier que l’oxygène est bien délivré à la sortie du tuyau venant de la bouteille en écoutant le bruit généré par la sortie du gaz.
Pour cela, pincer l’extrémité du tuyau une à deux secondes puis le relâcher. On perçoit ainsi le bruit sec lié à la sortie brutale de l’oxygène comprimé dans le tuyau pendant le temps où ce dernier est resté pincé.
Indication
Les techniques de réchauffement d’une victime sont mises en œuvre devant une victime :
- qui se plaint d’avoir froid et qui peut présenter des signes de lutte contre le froid comme des frissons ;
- exposée à une température basse (neige, hivers, chambre froide …),
- qui présente un ou plusieurs signes de détresse circulatoire,
- qui présente une hémorragie,
- qui présente une hypothermie.
Justification
Le froid peut :
- provoquer des lésions directes comme les gelures ;
- entraîner une baisse de la température corporelle de la victime (hypothermie) ;
- aggraver l’état d’une victime notamment en cas de détresse circulatoire. La déperdition de la chaleur peut se faire par :
- Rayonnement thermique : perte de chaleur liée à la différence de température de l’air avec celle du corps. La surface du corps exposée au froid joue un rôle important dans la perte de chaleur par rayonnement.
- Conduction : perte de chaleur par contact direct avec un objet plus froid comme de l’eau froide ou le sol. Quand les vêtements sont mouillés, la perte de chaleur est 5 fois plus grande.
- Convection : perte de chaleur au profit de l’air ambiant lorsque l’air entre en contact avec la surface du corps. La vitesse de déperdition de chaleur dépend de la vitesse de l’air (vent) et de la différence de température entre la peau et l’air ambiant.
- Évaporation : perte de chaleur qui résulte de la conversion de l’eau de l’état liquide à l’état gazeux (transpiration, respiration).
Il existe un lien étroit entre l’hydratation, la perte liquidienne et la perte de chaleur. À mesure que le corps perd sa chaleur par ces différents mécanismes, le volume circulatoire total est réduit, ce qui peut entraîner une déshydratation. La baisse de l’hydratation rend le corps plus sensible à l’hypothermie, à la détresse circulatoire et aux autres troubles dus au froid.
Matériel
- Drap, Couvertures (laine, polyester, isotherme).
- Tapis isolants.
- Serviettes pour sécher.
- Appareils ou dispositifs de chauffage (couverture chauffante, bouillotte, brique chaude, chaufferette chimique)
- Paravent.
Réalisation
Il existe plusieurs moyens qui peuvent être utilisés seuls ou en association pour diminuer la déperdition de chaleur ou apporter de la chaleur à la victime.
- Envelopper la victime dans un drap et une couverture. Bien envelopper les mains, les pieds et la tête de la victime. Cela permet de diminuer la surface cutanée de la victime exposée à l’air et ainsi de limiter la déperdition de chaleur par rayonnement thermique. En l’absence de moyens spécifiques, une feuille de papier bulle, des journaux ou du carton peuvent être utilisés.
- Isoler la victime de tout contact avec une surface ou des objets froids ou humides. Cela permet de diminuer la déperdition de chaleur par conduction.
- Isoler la victime du sol en l’installant sur un brancard, un lit.
- Glisser un tapis, une couverture, une feuille de papier bulle sous la victime.
- Protéger la victime du vent et de l’humidité. Cela permet de diminuer la déperdition de chaleur par évaporation.
- Installer la victime à l’abri du vent (à l’intérieur, paravent).
- Retirer les vêtements mouillés ou humides,
- Sécher la victime,
- Envelopper la victime dans une couverture isotherme, une feuille de papier bulle ou un sac de transport (nouveau-né).
- Si nécessaire habiller la victime avec des vêtements chauds et secs.
- Réchauffer la victime. Cela permet d’augmenter sa température corporelle.
- Installer la victime dans un endroit chaud (véhicule, ambulance, point chaud, habitation, refuge, etc.).
- Recouvrir la victime avec une couverture chauffante (40 à 42 °C).
- Placer des poches d’eau tiède (bouillottes), des compresses chimiques d’application de chaud (chaufferette chimique) ou des briques chauffées au niveau du passage des gros vaisseaux (cou, sous les aisselles, au niveau des plis de l’aine).
Risques & Contraintes
Si la mise en place de mesure de protection contre le froid nécessite une mobilisation de la victime, cette mobilisation doit être délicate pour ne pas aggraver l’état de la victime.
L’utilisation de dispositif de chauffage comme les bouillottes, les briques ou les chaufferettes doit limiter le risque de survenue de brûlures.
Il ne faut pas appliquer directement le dispositif de chaud au contact de la peau de la victime. Interposer une épaisseur de tissu suffisante et contrôler régulièrement l’état de la peau de la victime en contact avec ces dispositifs.
Évaluation
L’efficacité des mesures de protection de la victime contre le froid ainsi que son réchauffement est évaluée sur :
- La disparition des signes de refroidissement ,
- L’amélioration de l’état de la victime,
- L’augmentation de sa température corporelle.
Indication
La position d’attente et de transport est adaptée à l’état et à la détresse de la victime. Ainsi, on distingue, outre la position latérale de sécurité :
- La position à plat dos, horizontale ;
C’est la position d’attente et de transport courante pour toute victime. Elle est particulièrement indiquée si celle-ci présente une détresse circulatoire, nécessite une RCP, ou présente les signes d’un AVC.
- La position assise ou demi-assise ;
C’est une position souvent confortable pour les victimes. Elle est particulièrement indiquée si la victime présente une détresse ou une gêne respiratoire pour lui permettre de mieux respirer.
- La position allongée sur le côté ;
Cette position facilite le transport des victimes qui présentent des vomissements. Elle est aussi indiquée pour le transport des femmes enceintes dans les derniers mois de la grossesse ou en imminence d’accouchement.
- La position cuisses fléchies, jambes repliées.
Elle est indiquée pour les victimes qui présentent une contusion, une plaie grave de l’abdomen ou de violentes douleurs abdominales.
Justification
La position d’une victime, dans l’attente d’un renfort ou pour son transport à l’hôpital, est un des facteurs qui permet de stabiliser ou d’améliorer son état et de rendre plus confortable son attente ou son déplacement.
Matériel
Aucun matériel particulier n’est nécessaire pour installer une victime en position d’attente. Toutefois, le maintien dans cette position est facilité par l’utilisation :
- du brancard ;
- d’un matelas immobilisateur à dépression ;
- de coussins ou couvertures roulées ou repliées.
Réalisation
Position à plat dos, horizontale
Lorsque nécessaire, une victime peut être installée dans cette position, après avoir été retournée si elle était initialement allongée sur le ventre.
Position assise ou demi-assise 209
Cette position peut être obtenue très rapidement en demandant à la victime de s’asseoir dans un fauteuil ou sur une chaise, en l’appuyant contre une paroi verticale (arbre, mur), en glissant des oreillers ou des coussins dans son dos ou en demandant à un secouriste de se placer à genoux, derrière elle.
Cette position peut être maintenue après avoir installé la victime sur le brancard, en relevant la têtière du brancard.
Position sur le côté
La victime peut être mise sur le côté, aussi bien en position allongée que demi-assise.
Cette position est obtenue en demandant à la victime de s’installer sur le côté ou en l’aidant à se placer sur le côté en la roulant au sol.
Cette position peut être maintenue en installant la victime sur un matelas immobilisateur à dépression ou sur un brancard.
Position cuisses fléchies, jambes repliées
Cette position est obtenue :
- en demandant à la victime consciente de maintenir ses membres inférieurs fléchis ;
- en glissant des coussins ou une couverture repliée sous les genoux de la victime.
Si le brancard le permet, cette position est maintenue en relevant les parties intermédiaires du brancard au niveau des membres inférieurs.
Risques
La mise en position d’attente comporte certains risques parce qu’elle nécessite parfois de mobiliser une victime traumatisée.
Évaluation
La position d’attente choisie est adaptée à l’état ou à la détresse de la victime.
La victime est installée confortablement et la position est stable.
Indication
L’administration d’un médicament à une victime est indiquée si elle le demande, car il lui a été prescrit, ou à la demande du médecin régulateur.
Dans certaines situations, le médecin régulateur peut demander l’administration d’un médicament à une victime, même en l’absence de signes de détresse, mais pour la prévenir.
Justification
Certains médicaments ont un effet rapide et très efficace sur des malaises ou l’aggravation brutale d’une maladie.
Leur administration permet de :
- améliorer l’état de la victime qui présente une détresse respiratoire ou circulatoire ;
- soulager, diminuer ou faire disparaître une douleur qui est apparue au moment du malaise ou du traumatisme, ou qui vient de s’aggraver.
Matériel
Les médicaments administrés dans ce cadre le sont par injection, par inhalation, par pulvérisation nasale, par ingestion (voie orale), déposés sous la langue (voie sublinguale) ou déposés sur la langue (voie buccale). Ils sont sous forme :
- d’un gaz (ex. oxygène) ;
- de spray buccal, parfois administré par l’intermédiaire d’une chambre de mélange (ou chambre d’inhalation) ;
- de spray nasal (ex. naloxone en spray) ;
- de comprimés ;
- de dispositif auto injectable (DAI) (ex. DAI d’adrénaline).
Réalisation
Administration d’un médicament par voie sublinguale ou buccale
- s’assurer que la victime ne présente aucun trouble de la conscience ;
- demander à la victime d’ouvrir la bouche ;
- déposer le comprimé ou réaliser une pulvérisation de produit sous la langue si l’administration est sublinguale ou sur la langue si l’administration est buccale ;
- demander à la victime de fermer la bouche et de ne pas avaler.
Administration d’un médicament par voie orale
- s’assurer que la victime ne présente aucun trouble de la conscience et est capable d’avaler ;
- demander à la victime d’ouvrir la bouche et de tirer la langue ;
- déposer le comprimé sur la langue de la victime si elle ne peut le faire elle-même ;
- demander à la victime d’avaler le comprimé avec un peu d’eau.
Administration d’un médicament à l’aide d’un spray buccal
- secouer vigoureusement le pulvérisateur plusieurs fois ;
- mettre en place le pulvérisateur au niveau de la chambre de mélange (ou d’inhalation)1 si nécessaire ;
- enlever l’administration d’oxygène, si nécessaire ;
- demander à la victime de vider autant que possible l’air contenu dans ses poumons ;
- mettre les lèvres de la victime tout autour de l’embout buccal du pulvérisateur ;
- demander à la victime de comprimer le pulvérisateur tout en inspirant lentement par la bouche, profondément et le plus longtemps possible ;
- demander à la victime de retenir sa respiration pendant 10 secondes avant de respirer de nouveau normalement ;
- replacer le masque à inhalation d’oxygène, si nécessaire.
Administration d’un médicament à l’aide d’un dispositif auto-injectable
L’injection avec un DAI est réalisée par voie intramusculaire sur la face externe de la cuisse ou à défaut dans le deltoïde (face externe de l’extrémité proximale du bras).
- retirer les dispositifs de protection du DAI ;
- placer l’extrémité du DAI (coté seringue) contre la face externe de la cuisse de la victime, à égale distance de la hanche et du genou ou contre le deltoïde (en cas d’urgence, l’injection peut être faite au travers du tissu d’un vêtement si celui-ci n’est pas très épais) ;
- maintenir fermement le DAI perpendiculairement contre la face externe de la cuisse ou contre le deltoïde ;
- presser le bouton déclencheur ou avec un mouvement de balancement, pousser fermement l’extrémité du dispositif jusqu’à ce que l’on entende un déclic qui confirme le début de l’injection ;
- maintenir le dispositif en place pendant quelques secondes avant de le retirer, conformément aux recommandations du fabricant ;
- masser légèrement le site d’injection pendant quelques secondes ;
- éliminer le dispositif injecteur dans un conteneur de recueil de DASRI.
Administration d’un médicament à l’aide d’un spray nasal
- se munir du ou des pulvérisateurs (le médicament peut être composé de deux pulvérisateurs, un pour chaque narine) ;
- tenir le pulvérisateur délicatement entre les doigts et le pouce sans appuyer sur le piston ;
- placer l’embout du pulvérisateur complètement dans la narine de la victime en direction de la paroi nasale, à l’opposé de la cloison ;
- appuyer fermement sur le piston pour délivrer le médicament ;
- renouveler cette opération dans l’autre narine si indiqué ;
- observer les réactions de la victime.
¹L’utilisation d’une chambre de mélange (ou d’inhalation) lors de l’administration d’un médicament par inhalation permet d’augmenter l’efficacité de celui-ci et est recommandée.
De même, une inspiration longue lors de l’inhalation permet d’augmenter l’absorption du médicament.
Risques & Contraintes
Avant toute utilisation d’un médicament, il convient de s’assurer que celui-ci n’est pas périmé. La date de péremption est clairement inscrite sur la boîte ou le flacon du médicament. En son absence ou si elle est dépassée, le médicament ne doit pas être administré.
L’administration d’un médicament peut entraîner des effets secondaires dont l’apparition impose la transmission d’un nouveau bilan pour avis médical.
Toute administration de médicament ainsi que les réactions de la victime à cette administration doivent être relevées et notifiées sur la fiche d’intervention, en particulier son heure d’administration.
Les DAI possèdent une fenêtre qui permet de contrôler la limpidité de la solution. Si la solution est trouble, colorée ou contient des particules, le dispositif ne devra pas être utilisé.
Les DAI sont équipés d’un système de protection de l’aiguille. Toutefois, si le secouriste se pique avec l’aiguille qui a servi à l’injection, il appliquera la procédure spécifique « accident d’exposition à un risque viral ».
Évaluation
L’administration du médicament est conforme à la prescription médicale. L’administration du médicament améliore l’état de la victime.
Indication
Les manœuvres physiques sont des mesures qui doivent être réalisées dès que la victime reconnait des signes annonciateurs d’une perte de connaissance imminente d’origine vagale ou orthostatique.
Les manœuvres ne remplacent pas la mise en position de confort de la victime notamment la position allongée. Cependant, si le sauveteur (ou la victime elle-même) est dans l’impossibilité immédiate d’allonger la victime (malaise dans un bus, un avion, le train), les manœuvres physiques peuvent précéder la mise en position allongée.
Justification
En agissant sur la circulation, les manœuvres physiques ont pour but de créer une contre-pression vasculaire destinée à augmenter la pression artérielle de la victime. Elles permettent ainsi d’éviter la survenue d’une perte de connaissance et de lésions traumatiques secondaires à une chute.
Réalisation
Les manœuvres physiques doivent être réalisées par la victime elle-même. Si la victime ne connaît pas ces manœuvres, le sauveteur lui expliquera comment les réaliser si possible.
Accroupissement si la victime est en position debout
- Se placer en position accroupie.
- Baisser la tête comme pour la mettre entre les deux genoux.
Cette technique peut être un préalable à la mise en position allongée.
Croisement des membres inférieurs
La victime peut être en position allongée ou debout en prenant appui contre un mur
- Croiser les membres inférieurs.
- Contracter les muscles en essayant de tendre les jambes.
- Serrer les fesses.
- Contracter la ceinture abdominale.
Crochetage des doigts et tension des muscles des membres supérieurs
- Agripper les deux mains par les doigts en crochets.
- Écarter les coudes de la poitrine au maximum.
- Contracter les deux membres supérieurs en tirant comme pour essayer de séparer les deux mains.
NB : Le croisement des membres inférieurs à une efficacité supérieure à la prise de main et à la tension des bras.
Évaluation
Les manœuvres physiques sont réalisées par la victime dès l’apparition des premiers signes de malaise, et poursuivis après la mise au repos.
Indication
Le clampage et la section du cordon ombilical doivent être réalisés :
- après la naissance, après la 1ère minute de vie ;
- parfois pendant l’accouchement, en cas de circulaire serré du cordon (cordon entourant le cou du
bébé).
Justification
Le clampage du cordon ombilical facilite le déclenchement des mécanismes d’adaptation (circulation et respiration) du nouveau-né qui lui permettent de passer de la vie intra-utérine à la vie extra-utérine.
La section du cordon facilite la prise en charge du nouveau-né et de sa mère : réanimation éventuelle du
nouveau-né, soins à la mère et prévention de l’hypothermie.
En présence d’une circulaire du cordon, la section du cordon permet l’expulsion du nouveau-né.
Matériel
La section du cordon nécessite :
- des compresses stériles ;
- deux clamps de Barr ;
- une paire de ciseaux stériles.
Réalisation
Il s’agit de clamper le cordon en deux points du cordon ombilical et de sectionner celui-ci entre les deux clamps :
- changer les gants utilisés lors de l’accouchement et s’équiper de gants et de lunette (ou visière
oculaire) de protection ; - essuyer le cordon, avec une compresse, sur la zone prévue de positionnement des clamps ;
- poser le premier clamp à environ 10 à 15 cm de l’ombilic et le verrouiller ;
- pincer le cordon avec un compresse stérile pour le vider de son sang, en partant du premier clamp sur environ 3 à 5 cm. Cela évitera les projections de sang au moment de la section du cordon ;
- placer le second clamp sur le cordon toujours pincé et le verrouiller ;
- couper le cordon entre les clamps ;
- recouvrir le cordon et le clamp relié au nouveau-né d’une compresse stérile.
Cas particuliers
- circulaire du cordon impossible à libérer :
Les 2 clamps sont positionnés plus près l’un de l’autre en s’adaptant à la situation et la section se fait prudemment, les doigts du secouriste étant en protection entre le cordon et le nouveau-né afin de ne pas le blesser. - nouveau-né en détresse :
L’urgence à réanimer le nouveau-né impose une rapidité d’action et permet de s’affranchir de l’étape désinfection du cordon en mettant seulement des gants propres. - l’expulsion a eu lieu et le cordon a été « rompu » avant l’arrivée des secours :
Poser un clamp sur la partie du cordon reliée au nouveau-né et un autre clamp sur la partie qui reste relié à la mère après avoir désinfecté la zone de pose.
Risques & Contraintes
On ne doit jamais tirer sur le cordon.
Le positionnement du premier clamp doit être suffisamment loin de l’ombilic pour ne pas pincer une partie d’intestin.
On ne peut sectionner qu’entre les deux clamps.
Évaluation
Il ne doit pas y avoir de saignement après la section.