Alors que la France traverse en ce moment une canicule d’une extrême sévérité, les soldats du feu sont très largement mobilisés partout en France, pour lutter contre des incendies de forêt et de végétation. Plus de 10’000 hectares ont été ravagés en Gironde depuis mardi dernier. Les feux sont toujours actifs ce dimanche et l’inquiétude monte chez les sapeurs-pompiers, puisque le pire est attendu dans les prochaines heures, avec des températures montantes et des vents plus forts.
Pour faire face à ces feux, l’appui des avions bombardiers d’eau est indispensable, au point que la France a demandé de l’aide à la Grèce et à l’Italie qui ont dépêché sur place quatre Canadair. Après huit heures de vol et près de 60 largages dans le Sud-Ouest, un pilote de Canadair est sorti de son silence, grâce à sa casquette de porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l’aviation civile. Droit de réserve levé.
« La maintenance […] n’est pas au niveau »
« On a des avions sur le parking qui ne peuvent pas voler. C’est simple, le 14 juillet 2019 sur ce même parking, nous avions 22 avions en capacité de voler. Trois ans plus tard, à date (14 juillet 2022, NDLR), nous en avons 13 », relate Christophe Govillot à nos confrères de Sud-Ouest. Et d’ajouter, « Nous avons six Dash, des avions rapides -ils font Nîmes Bordeaux en une heure- chargés de 10’000 litres de produits retardant, le septième doit être livré. Quatre sur six sont en mesure de voler. Quant aux Canadair, sur les 12, seulement 9 sont opérationnels »
D’après le pompier du ciel, la maintenance effectuée par des sociétés privées n’est pas au niveau. « Notre direction est incapable de mettre au garde à vous les sociétés qui en ont la charge, au frais du contribuable. On les paie pour avoir des avions disponibles, ce n’est pas le cas » précise-t-il.
Vieillissement de la flotte et manque de personnel
Toujours selon son témoignage, les pilotes font face à des pannes récurrentes sur la flotte de Canadair et déplorent un manque de pièces détachées. Le plus vieux date de 1992 et l’un d’entre eux attend un moteur depuis un mois. Un sujet complexe pour la France, alors que le fabriquant Bombardier a stoppé sa production. Depuis, c’est Viking Air qui a repris le flambeau. Mais la société attend de remplir son carnet de commandes avant de lancer sa chaîne de production.
« L’Europe a acheté 12 appareils, la France en aura deux, mais pas avant 2025. Notre pays ne s’est pas positionné pour en acheter. Plus on attend plus ça décale dans le temps, et nos Canadair ne seront pas fringants »
Autre sujet, le manque de personnel. En Gironde, Christophe a fait des rotations pendant huit heures (horaire réglementaire), avant de se poster à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. « Ils auraient pu repartir, mais nous n’avions personne à mettre dedans…. En tant que pilotes, ça nous fait mal ». Il faudrait 22 commandants de bord, alors que la Sécurité civile n’en compte que 16 actuellement. « Il faut être conscient que cette question des feux, avec le réchauffement est incontournable dans les années qui viennent. Et plus seulement pour le sud de la France » a-t-il ajouté à nos confrères de Sud-Ouest.